Communiqué AL

Afrîn : contre l’occupation, contre la tentation du nettoyage ethnique




Afrîn est tombée, dans le sang et dans les larmes. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Notre soutien à la gauche kurde reste intact, de même que notre solidarité avec le peuple syrien. Les populations civiles qui ont massivement fui les bombardements et les exactions doivent pouvoir regagner leurs foyers.

Dimanche 18 mars, après presque soixante jours de résistance pied à pied, les Forces démocratiques syriennes ont préféré abandonner la ville d’Afrîn devant la puissance de feu de l’armée turque et de ses supplétifs islamistes. Cette nouvelle est douloureuse pour toutes et tous les amis de la cause kurde, et plus largement, de la paix au Moyen-Orient.

Nous pensons aux centaines de combattantes et combattants qui sont morts pour défendre le canton pied à pied : Kurdes et Arabes, volontaires internationaux de Turquie et du monde entier. Ils et elles se sont battus pour la liberté et la révolution, et nous saluons leur mémoire.

Nous pensons aux centaines de milliers de civils jetées sur les routes par familles entières pour échapper à l’avance des gangsters islamistes qui livrent aujourd’hui au pillage et à la destruction un canton qui, jusque-là, avait été épargné par les ravages de la guerre civile syrienne.

Cette tragédie n’aurait pas été possible sans la complicité ou la neutralité des États impérialistes qui interviennent en Syrie : Moscou a donné son feu vert à l’opération d’Ankara ; Paris et Washington ont déclaré « comprendre » leur allié dans l’Otan, lui demandant simplement d’agir « avec retenue ». La France et l’Union européenne ont conclu un pacte ignoble avec Erdogan, le finançant pour qu’il interdise aux migrants l’entrée en Europe.

Acculés, les FDS s’étaient résignés, au bout de trente jours de combat, à accepter le renfort de troupes du régime de Damas. Celui-là même qui viole, torture et massacre ses opposantes et opposants par milliers dans ses prisons et dans les zones qu’il dispute aux islamistes ; celui-là même qui, profitant de l’offensive turque sur Afrîn, avait lancé une attaque contre les FDS à Deir ez-Zor ! Ces renforts n’ont finalement été que symboliques – une parade en pick-up, en arborant les drapeaux du parti Baas –, et n’ont pesé ni politiquement ni militairement sur l’issue de la bataille.

Les FDS ont choisi d’abandonner la ville d’Afrîn, parce qu’elle était sur le point d’être encerclée et privée d’approvisionnement en eau. Sans doute aussi pour lui éviter la destruction qu’ont connue Kobanê ou certaines villes du Kurdistan turc comme Cizre, dévastées par l’armée d’Erdogan.

L’histoire cependant ne s’arrête pas là. La perte d’Afrîn est un revers militaire, pas un revers politique. Notre soutien à la gauche kurde, à son projet fédéraliste, féministe et social, respectueux des minorités (yézidis, arméniennes, turkmènes, arabes) reste intact, de même que notre solidarité avec le peuple syrien victime de la barbarie d’Assad.

Les FDS ont promis de livrer aux troupes d’occupation turques et islamistes une guerre de guérilla dans les montagnes environnant Afrîn.

Dans l’immédiat, il faut réclamer le droit au retour des populations qui ont fui les combats, pour qu’à l’invasion ne s’ajoute pas la tentation de l’épuration ethnique. Les troupes turques et leurs supplétifs djihadistes doivent quitter le canton d’Afrîn.

Alternative libertaire, le 24 mars 2018

 
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