Automobile : PSA Aulnay en grève reconductible




La lutte contre la fermeture de PSA Aulnay a franchi un nouveau cap depuis le mois de janvier, avec plusieurs centaines de salarié-e-s en grève reconductible.

Les travailleuses et travailleurs de PSA Aulnay ont décidé d’affronter directement Peugeot-Citroën en se mettant en grève reconductible [1]. Il a fallu attendre la fin de la « négociation » du plan social pour que les choses se décantent. Les espoirs de partir avec une indemnité conséquente se sont envolés. Cela a facilité la convergence entre la CGT (qui défendait plutôt des indemnités importantes) et Sud-Auto (qui défend le maintien du site industriel et des emplois) à laquelle s’est jointe la CFDT du site. Rappelons que le syndicat majoritaire à Aulnay est le Syndicat indépendant de l’Automobile (SIA), historiquement à la solde des patrons. Les assemblées générales du 16 janvier réunissant plusieurs centaines de personnes ont voté la grève reconductible qui continue à l’heure où cet article est écrit. Que ce soit pour le maintien du site ou pour obtenir des indemnités plus conséquentes, seul le rapport de forces direct peut permettre de gagner.

Élargir la lutte

Trois enjeux majeurs se posent pour faire reculer PSA et le gouvernement sur la question de la fermeture. Le premier : faire face à la violence patronale. Dès le début de la grève, les patrons ont manié intimidation et répression, pour briser un mouvement qui les gène : le site d’Aulnay doit encore livrer plusieurs dizaines de milliers de voitures avant sa fermeture programmée. Les patrons ont eu recours à des équipes de briseurs de grève venues d’autres usines, à des cadres qui font de la provocation, à des vigiles, et à la calomnie. La direction de PSA laisse entendre que les grévistes malmènent les non-grévistes (appuyée en cela par Laurent Berger, le nouveau patron national de la CFDT) et dégradent l’usine. Deux grévistes, syndiqués à la CGT, ont été licenciés mi-février pour « faute lourde » [2].
Deuxième enjeu : maintenir l’unité et élargir la lutte. Les grévistes, épaulés par les syndicats, sont dans une logique de convergence des luttes, en allant en direction d’autres boîtes et d’autres sites de l’automobile. Il faut aussi continuer d’informer largement sur cette grève qui est actuellement la principale résistance face aux suppressions d’emploi massives en France [3].

Solidarité financière

Troisième enjeu : outre les messages de soutien, importants pour les grévistes, le point central est celui de la solidarité financière. Plus la grève avance et plus les difficultés financières se font sentir. Si la direction finit par lâcher plus de miettes, la tentation d’arrêter le mouvement sera grande. Chaque euro compte. Plusieurs collectifs AL ont déjà fait des collectes publiques. De même à Saint-Denis où les unions locales CGT et Solidaires ont mené en commun un travail de collecte et de propagande.

Enfin, si la priorité est clairement celle du maintien du site industriel et des outils de production en Seine-Saint-Denis, on ne peut faire l’impasse sur une réflexion de long terme, en particulier en terme de réquisition de l’entreprise (autogestion) et de reconversion industrielle : à quoi et à qui servent les produits aussi bien en terme social (de quoi a-t-on réellement besoin ?), qu’en terme écologique ?

Simon Laviec (AL Saint-Denis)

• Pour faire parvenir des soutiens : www.soutien-salaries-automobile-93.org

[1Sur l’historique de la lutte à PSA Aulnay voir « PSA Aulnay : prêts à bloquer l’usine » (AL n° 215, mars 2012) et « PSA : quelles alternatives à la fermeture ? » (AL n °221, octobre 2012). Voir également les communiqués et tracts du collectif AL Seine-Saint-Denis sur le site www.libertaires93.org

[2La pétition de soutien à ces salariés ainsi que des infos sur la mobilisation sur cgt-psa-aulnay.fr

[3Voir par exemple les vidéos-tracts, un clip de rap, etc. sur solidaires.saintdenis.over-blog.org

 
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