Reconversion industrielle : Changer la vie !




Si on peut comprendre que la défense de l’emploi soit la première bataille à mener face au patronat et à l’État, derrière, se pose aussi la question de la redistribution des richesses et celle de la reconversion industrielle.

Revendication historique du syndicalisme de transformation sociale, portée encore par Solidaires et une partie de la CGT, la reconversion industrielle permet de questionner aussi bien la manière dont on produit que ce que l’on produit. Ce sont souvent bien les salarié-e-s et les syndicats impliqués dans ces batailles qui sont les plus « visionnaires » : elles/ils connaissent davantage l’outil de production et voient à plus long terme, en mettant de côté l’aspect « profits ». C’est souvent grâce au travail syndical effectué depuis plusieurs années, que des alternatives aux licenciements ont pu être proposées. Les quelques mesures existantes en terme d’anticipation et de gestion prévisionnelle de sauvegarde de l’emploi étant largement insuffisantes.

On pourrait – si on voulait schématiser – voir deux possibilités de reconversion industrielle sans forcément les rendre distinctes. La première est souvent liée aux problématiques de dangerosité de la production et des conséquences directes qui y sont liées sans forcément que « le produit final » soit néfaste pour l’environnement ou dans son utilité sociale.

Méthode et finalité de la production

C’est la possibilité d’avoir des risques réduits pour les salarié-e-s qui y travaillent, en remplaçant certains composants de fabrication par d’autres. C’est ici l’occasion de relancer le débat sur les méthodes d’organisation du travail néfaste pour les salarié-e-s et d’imposer une vision plus globale de ce que l’on entend par le travail en lui-même.

Autre versant de la reconversion industrielle, c’est celui de la transformation de la ou des productions concernant le produit final. Deux exemples peuvent être emblématiques. Le premier concerne le secteur de l’automobile, mais aussi toute sa filière sur laquelle il y a matière à discuter : l’utilité sociale de la bagnole dans les modes de circulation – qui vaut à lui seul un débat de société sur l’usage partagé des voitures, les transports en communs, les distances boulot-domicile, etc. C’est aussi reposer des questions simples, que salariés et usagers doivent réussir à porter ensemble, comme sur le remplacement du modèle actuel par des voitures non polluantes, de la place du fret ferroviaire dans l’industrie.

La reconversion industrielle n’est pas le capitalisme vert

Autre exemple, celui de l’industrie militaire : il suffit de regarder le groupe Snecma-Safran, « fleuron de l’industrie française » pour l’aéronautique, pour voir à quel point le gouvernement et le patronat ont des intérêts de classe à empêcher toute reconversion industrielle. D’où l’intérêt de l’organisation de la Foire à l’autogestion en 2012 – et aussi en 2013 – sur la question de la réappropriation des choix de production.

Enfin il ne suffit pas de produire de « jolies bagnoles vertes » pour avoir réussi la reconversion industrielle telle que nous la portons et la défendons. La question de la reconversion industrielle ne peut être négligée dans un projet communiste libertaire, et doit servir de fil rouge pour transformer durablement la société. Il n’est donc pas question de résumer la reconversion industrielle à un capitalisme plus vert, moins polluant ou juste moins productiviste. C’est ici le rôle qu’une organisation comme Alternative libertaire doit jouer, en prenant en compte tous les pans de la reconversion industrielle, sans la détourner de son objectif initial et révolutionnaire.

Robert K (AL Montreuil)

 
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