Dissonance cognitive : une liberté d’expression sous contrôle
A l’heure où une nouvelle vague d’attentats frappe l’Europe, le gouvernement en profite pour faire passer des mesures toujours plus liberticides. Paradoxalement, au nom de la liberté d’expression, les réactionnaires veulent entraver celle des minorités dominées.
Si la liberté d’expression est une liberté individuelle fondamentale, elle demeure une notion complexe aux contours malléables en fonction de l’agenda politique des instances la régissant. Ainsi, elle peut être limitée suivant deux tendances opposées : la volonté des États à contrôler presse et parole publique, ou bien la pression de groupes opprimés souhaitant la restriction des expressions niant leur humanité ou incitant à la violence à leur encontre, prouvant que la liberté d’expression ne saurait être totale dans une société inégalitaire.
Mais ce n’est qu’au prix de luttes acharnées que les minorités obtiennent ces concessions, jamais acquises. Car pour asseoir leur pouvoir les États ont intérêt à limiter l’expression des minorités et classes exploitées tout en garantissant celle des instances qui le servent.
Ainsi, à rebours de ce que dit la propagande gouvernementale, c’est bien une limitation de l’expression de la minorité musulmane par l’État qui se généralise actuellement.
De fait, sous couvert de lutte contre le terrorisme, les gouvernements successifs ont fortement restreint les libertés individuelles, de sorte que toute critique du gouvernement en matière d’antiterrorisme devient suspecte et passible de peines lourdes même si dans les faits ce sont surtout des personnes musulmanes ou perçues comme telles qui sont condamnées.
Ce sont également les enfants racisés, à qui on refuse tout droit à l’erreur ou à l’innocence, qui payent le prix de ces mesures puisque après le précédent de 2015, plusieurs enfants ont cette année encore été placés en garde à vue sur dénonciation de professeur
es.criminalisation de La lutte contre l’islamophobie
C’est finalement la lutte contre l’islamophobie elle-même qui est visée, avec la restriction des formes d’expression possibles par lesquelles elle se mobilise. Ainsi, la principale association de lutte contre l’islamophobie, le CCIF, a été contrainte de délocaliser une partie de son activité, face à la menace d’une dissolution. C’est, à travers la loi de programmation de la recherche, la volonté de d’assujettir les sciences sociales et d’interdire l’étude scientifique du racisme structurel et plus particulièrement du racisme d’État.
Finalement c’est la presse étrangère qui a été censurée par Macron qui refusait qu’on puisse critiquer sa politique. Selon ses mots : « Je ne laisserai personne dire que la France, son État, cultive le racisme vis-à-vis des musulmans ». Et en effet, toutes les mesures prises à l’heure actuelle par le gouvernement visent à annihiler l’expression même de la lutte contre l’islamophobie. Ne nous y trompons pas, les fossoyeurs de la liberté d’expression ne sont pas les militantes et militants antiracistes ou féministes, ce sont toujours les États et leurs gouvernements.
Commission antiraciste