Israël / Palestine : Agrexco : la coalition continue le combat




Cela fait maintenant plus d’un an qu’une coalition se bat contre le projet d’installation d’une entreprise israélienne, basée dans les colonies, dans le port de Sète. Etat des lieux de la mobilisation, qui se poursuit.

La Coalition contre Agrexco, qui rassemble 106 organisations, partis et associations, a vu le jour il y a seize mois pour s’opposer au projet criminel de l’autocrate président de la région Languedoc-Roussillon, l’ubuesque Georges Frêche par ailleurs pro-sioniste avéré [1]. Alors que les premiers containers devaient être débarqués dès septembre 2010, à ce jour seules quelques armatures métalliques ont été installées à l’emplacement prévu sur le port de Sète. Si le projet commercial a pu prendre quelque retard, de son côté la coalition n’a cessé de s’y opposer, initiant nombre d’actions et manifestations.

Le 6 mars dernier une marche partie de Montpellier rassemblait 1500 manifestants à son arrivée à Sète pour un meeting où intervenaient plusieurs représentants palestiniens. Que ce soit dans les principales villes de la région, mais aussi à Marseille ou Bordeaux ainsi qu’en Suisse, en Italie et en Espagne, les coalitions locales ont multiplié les actions d’information et de sensibilisation, souvent en lien avec la campagne BDS.

Le 18 septembre l’assemblée générale de rentrée de la Coalition donnait priorité à deux initiatives en cours : l’action en justice contre Agrexco et le projet d’un bateau français pour Gaza.

Faire condamner Agrexco

C’est une première en France, la Confédération Paysanne, l’Union Juive Française pour la Paix, la CIMADE, la CCIPPP-justice, l’AURDIP (Association des Universitaires pour le respect du Droit International en Palestine) et ISM France attaquent au civil l’entreprise d’Etat israélienne Agrexco/Carmel. Motif : fraude aux douanes et crime de colonisation. Agrexco est l’entreprise choisie par Frêche et son Conseil régional pour importer via le port de Sète 200 000 puis 500 000 tonnes de fruits et légumes par an, en provenance d’Israël mais aussi et surtout des colonies israéliennes en Palestine. Ces importations se font aujourd’hui par les ports de Marseille et Vado en Italie. L’assignation en référé s’appuie sur deux juridictions.

 L’arrêt « Brita » de la Cour européenne de justice du 25/02/10. Celle-ci a confirmé que l’entreprise allemande Brita importait, sous la mention « produit en Israël », un produit de la société SodaClub implantée dans une colonie de Cisjordanie. Israël n’avait aucunement le droit pour délivrer les certificats d’origine, s’agissant de produits fabriqués dans les territoires palestiniens. Or Agrexco exporte des produits de la bande de Gaza et des colonies de Cisjordanie sous la mention « produit en Israël », ce qui est illégal et constitue une fraude aux douanes.

 La loi du 9 août 2010. Elle a transposé en droit interne le statut de la cour pénale internationale, ce qui fait qu’il existe
désormais une définition du crime de colonisation dans le code pénal français. Le crime de colonisation est un crime de guerre défini et sanctionné par le code pénal à l’article 461-2 à 461-31. Agrexco, fer de lance de la colonisation dans le domaine agricole, a reconnu au cours d’un procès en Grande Bretagne qu’elle possédait sept usines d’emballage dans des colonies situées dans la Vallée du Jourdain.

Les six associations membres de la Coalition contre Agrexco demandent la vérification de l’ensemble des certificats d’origine pour les exportations de produits agricoles Agrexco entrés sur le territoire français dans la période allant de septembre 2009 à septembre 2010. L’affaire est à suivre.

Un bateau pour Gaza

Le 15 juillet dernier, le Collectif national pour une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens lançait l’appel pour un bateau français affrété pour Gaza avec ces trois buts :
 dénoncer et briser le siège israélien contre Gaza,
 promouvoir et faire respecter le droit international,
 répondre à la crise humanitaire que subissent un million et demi de Gazaouis.

Le 20 juillet la Coalition lance son propre appel qui s’inscrit dans celui du collectif national et demande une escale à Sète. Si la campagne nationale tarde à prendre forme, la Coalition, déjà mobilisée, commence dès le mois d’août à collecter des fonds pour le projet. Plus de 600 tirelires sont fabriquées pour être déposées dans divers lieux ou lors d’ évènements militants, dans la région Languedoc-Roussillon et au delà. Des concerts de solidarité s’organisent pour populariser le projet et le financer. Cette initiative offre à la Coalition une extraordinaire opportunité pour délégitimer au plan international le choix
d’Agrexco par le Conseil régional du Languedoc Roussillon, et une escale à Sète serait un point fort dans cette lutte.

Loin de se limiter à ces deux actions, la Coalition en prévoit d’autres formes d’action pour maintenir la pression sur le Conseil régional.

Continuer le boycott

Mais la répression s’organise. A Perpignan ce sont trois militants du collectif 66 Paix et Justice en Palestine qui sont convoqués le 11 octobre devant le tribunal correctionnel à la suite d’une action BDS dans un magasin Carrefour. La Coalition est bien entendu concernée par ce procès, les trois militants étant membres d’organisations ou associations membres. Les faits qui leur sont reprochés relèvent principalement de l’appel au boycott des produits israéliens. Une fois de plus on retrouve parmi les plaignants le bureau national de vigilance contre l’antisémitisme qui agit systématiquement contre les militants de la campagne BDS en usant de cet argument. Mais à Montpellier, c’est Georges Frêche qui a comparu le 23 septembre pour avoir traité d’antisémite un élu Vert qui l’interpellait à propos d’Agrexco lors d’une séance du Conseil régional.

Un forum européen de la campagne contre Agrexco est envisagé pour le début de l’année prochaine. D’ici là on peut faire confiance à Papa d’Oc pour qu’il continue d’essayer de nous faire prendre une entreprise criminelle pour un projet d’avenir.

Olivier (AL Montpellier) avec José Luis Moraguès

[1Voir AL n°187, été 2009

 
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