Italie : Florence rouge et noire




Du 2 au 4 septembre, à l’initiative du Collectif libertaire florentin (CLF), Florence accueillait la Vitrine des cultures anarchistes et libertaires, fusion réussie de deux manifestations déjà existantes, la 2e Vitrine de l’édition anarchiste et libertaire et de la 3e Biennale Art et Anarchie.

L’ensemble de la manifestation se déroulait dans un théâtre moderne et spacieux au bord de l’Arno mais un peu loin du centre-ville. Dans la grande salle, les spectacles se succédaient sur la scène pendant que les visiteur(se)s se promenaient entre stands de livres et expositions artistiques. Le CLF a réussi le tour de force de proposer une vingtaine de spectacles de musique et de théâtre, tout en laissant l’entrée gratuite.

La soirée de vendredi a été un temps fort, la chanteuse toscane Caterina Bueno et son groupe enflammant une salle comble et comblée, tandis que celle du lendemain a été bousculée par un débat imprévu. Les membres d’un groupe de musique populaire yiddish de Venise ont protesté publiquement contre le refus du CLF de les mettre au programme de la manifestation, au prétexte que leurs textes n’étaient pas anarchistes. Leur intervention s’est transformée en assemblée générale où a été posée la question de l’ouverture de ce genre d’événements à des groupes proches mais pas totalement libertaires. Un débat salutaire pour éviter qu’ils deviennent des grandes messes identitaires, ce qui n’était pas la volonté du CLF et ce que n’était pas la Vitrine, mais il faut rester vigilant.

Dans une autre salle se déroulait en parallèle présentations de livres et de maisons d’édition, débats et rencontres, entrecoupés de projection de vidéos, avec des raretés comme À propos de Nice de Jean Vigo ou un Malatesta de Peter Lilienthal. Le dimanche matin, malgré un horaire peu favorable, une vingtaine de personnes sont venues écouter notre camarade Jean-Marc Izrine parler des libertaires dans l’affaire Dreyfus.

Preuve de la réussite de la Vitrine, des centaines de personnes sont venues voir les productions d’une douzaine de maisons d’éditions. Parmi celles-ci, il y a celles qui favorisent plutôt la publication d’ouvrages utiles à la propagande et à l’intervention dans les luttes sociales comme Zero in Condotta et la Fiaccola, et celles plutôt tournées vers la propagation des idées libertaires dans les milieux intellectuels et universitaires comme Eleuthera et BFS.

Une vitrine bien remplie

À côté des maisons d’édition, une quinzaine de groupes proposaient leurs publications, comme la revue Collegamenti Wobbly, l’Union des athées (UAAR), le syndicat de base CUB et deux organisations politiques : la Fédération anarchiste sicilienne (FAS) et nos camarades de la Fédération des communistes anarchistes (FdCA). La quantité et la qualité des ouvrages présentés montre la vitalité de l’édition libertaire italienne malgré les problèmes de diffusion qu’elle rencontre et les campagnes de diffamation qui cherchent à marginaliser les idées libertaires.

Le nombre important de traduction est significatif de l’intérêt du mouvement italien pour ce qu’il se passe hors des frontières nationales et linguistiques. Une ouverture revendiquée par les organisateurs(trices) qui ont voulu donner un tour résolument internationaliste à l’événement. Même si les distances et les problèmes financiers ont empêché certains d’y participer, plusieurs groupes internationaux ont pu présenter au public italien des ouvrages en anglais, en allemand, en espagnol, en français, plus quelques autres.

La France était représentée par la revue La Question sociale, par le Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Marseille qui offrait un grand choix de publications libertaires récentes et par Alternative libertaire. Le franc succès de notre stand a souligné la bonne connaissance du français par bien des visiteur(euse)s italien(ne)s et la présence en Toscane de libertaires français(e)s. Il a aussi montré un intérêt certain pour l’histoire et les analyses du courant communiste libertaire français, et pour certains de ses militants comme Daniel Guérin et Georges Fontenis. Plus généralement, entre les stands d’AL et de la FdCA, ces trois jours ont permis de mieux faire connaître les idées communistes libertaires, comme ils ont donné l’occasion aux militant(e)s des deux organisations de se rencontrer, d’échanger des expériences et des analyses dans une ambiance chaleureuse grâce à la convivialité des militant(e)s de Florence.

L’Europe rouge et noire se construit aussi avec des manifestations comme la Vitrine, souhaitons qu’elles fleurissent partout.

Hervé (AL Marseille)

 
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