A Contre Courant : Algérie : Un 1er novembre pour les libertés




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Les rédacteurs de l’appel du 1er novembre 1954 ne se sont pas trompés : « La lutte sera longue et l’issue incertaine. » À peine émergée d’une décennie de terreur qui l’a laissée exsangue, l’Algérie se trouve plongée dans un cycle de régression. De nouveau, les promesses de novembre se dérobent. La dérive planifiée touche le champ des droits et des libertés, sans exclusive.

Chaque jour qui passe voit les maigres acquis démocratiques perdre du terrain, les libertés publiques fondamentales remises en question, les lois constitutionnelles soumises à la volonté du prince. Chaque jour qui passe voit l’arbitraire triompher de la justice, la force brutale mater l’expression critique et les voix dissidentes. La liberté de la presse, encore à ses balbutiements, est menacée de liquidation. À peine conçus, les programmes de transformations sociales sont dévoyés par la corruption et la mafia, par les clans rentiers.

Depuis la mascarade plébiscitaire du 8 avril dernier, Bouteflika, le nouvel homme fort du système, mène un véritable programme de « pacification » de la société. Les instruments institutionnels nécessaires à la réalisation de ce projet sont en train de passer sous son contrôle personnel ou entre les mains de ses alliés. Grâce à ce dispositif, qu’il peaufine et améliore à mesure de ses besoins, il a réussi à faire tomber les quelques contre-pouvoirs que la société civile avait réussi à arracher de haute lutte. Les hommes et les femmes qui ont pris courageusement les armes il y a cinquante ans pour lutter contre une des plus grandes puissances économiques et militaires du monde l’ont fait parce qu’ils ne supportaient plus l’injustice, l’oppression, le déni de leur Histoire et des libertés individuelles. Cinquante ans après, nous nous joignons à ceux qui ne supportent plus les mêmes atteintes. Libertés confisquées, droits de l’Homme bafoués, presse libre menacée. Cinquante ans après novembre 54, tout est à reconstruire.

Le 1er Novembre appartient à l’Algérie des opprimés. Réapproprions-le nous ! Défendons nos libertés ! Dédions cet anniversaire aux prisonniers politiques des mouvements citoyens de Kabylie, du Sud, des Aurès, à Ghoul Hafnaoui, journaliste et militant des droits de l’homme, à Mohamed Benchicou, journaliste directeur du Matin, condamné à deux ans de prison. À toutes les victimes de l’oppression.

Paris, le 29 septembre 2004

Extraits d’un texte du Collectif pour la liberté de la presse en Algérie (Paris)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut