VIe congrès d’AL - Orléans - novembre 2002

Alternative libertaire et la lutte contre le colonialisme




Le courant communiste libertaire a souvent été à la pointe du combat contre le colonialisme français et en solidarité avec les peuples colonisés.

Que ce soit pendant la guerre d’Algérie avec la Fédération communiste libertaire et le mouvement libertaire nord-africain, pendant les années de lutte qui ont marqué la Kanaky avec l’Union des travailleurs communistes libertaires puis avec Alternative libertaire ou encore lors de la reprise des essais nucléaires en Polynésie en 1995.

En 2002, le colonialisme français est toujours une réalité non seulement dans les Dom-Tom, mais aussi à travers la présence des multinationales et de l’État français en Afrique.

Un colonialisme qui se traduit par des inégalités encore plus accusées qu’en France entre classes dominantes (souvent directement issues de la caste esclavagiste dans les Dom) et opprimé(e)s, un accès plus limité au service public et à la protection sociale (absence de sécurité sociale dans les Tom), des conditions de logements plus dures pour les classes populaires, une fiscalité encore plus injuste (mesures de défiscalisation pour les investisseurs, fiscalité essentiellement indirecte dans les Tom responsable de prix à la consommation très élevés). À cela il faut ajouter la quasi-absence d’une industrie manufacturière qui accroît sa dépendance économique vis-à-vis de la France.

Le colonialisme, c’est aussi le racisme et les discriminations envers les populations noires largement exclues du pouvoir de décision. Une population dont les souffrances (esclavage, racisme...) sont le plus souvent escamotées dans les manuels scolaires.

Le colonialisme, c’est aussi la corruption et le trafic d’influence exercés sur les pouvoirs africains pour pouvoir faire main basse sur leurs ressources minières et pétrolières.

Le colonialisme se confond aussi avec une politique impérialiste qui se traduit par une politique de dépendance économique (dette, inégalité des échanges), militaire (présence de l’armée française en Afrique) et politique (pressions exercées sur les pouvoirs africains pour bénéficier notamment de leurs suffrages dans les institutions internationales).

Alternative libertaire est solidaire de la lutte de ces peuples contre le racisme et pour leur émancipation et s’emploie à développer des relations avec les forces associatives, syndicales et politiques qui agissent dans ce sens.

Le combat pour la réappropriation de la mémoire, le droit aux réparations contre l’esclavage et les méfaits du colonialisme, le droit à l’autodétermination sont des exigences que nous partageons et soutenons.

En France, notre rôle est d’abord de sensibiliser la population au fait colonial, à ses méfaits et à la nécessaire solidarité avec les peuples colonisés.

Il est aussi d’informer sur le développement des luttes marquées dans les Dom-Tom par un renforcement du syndicalisme lutte de classe (notamment sous l’impulsion de l’USTKE en Kanaky, de la CGT-M en Martinique, de l’UGTG en Guadeloupe ou encore de l’UTG en Guyane).

Nous ne voulons pas monnayer notre soutien, ce qui ne veut pas dire que celui-ci soit aveugle face à des dérives réformistes et autoritaires possibles de certains courants indépendantistes.

Nous sommes pour un échange franc et sincère avec les mouvements indépendantistes qui inscrivent leur combat dans la lutte de classe, sans volonté d’instrumentalisation et sans hypocrisie car il ne sert à rien d’ignorer et de nier les différences sur le projet de transformation sociale.
La solidarité, le débat sur des bases non sectaires et non dogmatiques sont d’autant plus nécessaires dans un monde marqué par l’interdépendance et la mondialisation des échanges.

Dans un contexte international marqué par une remilitarisation et une recolonisation du monde entreprises par les grandes puissances dont la France, AL entend développer des relations avec les forces qui se battent pour une transformation radicale de la société dans les Dom-Tom comme dans la Françafrique et donner plus d’échos encore à leurs luttes dans sa presse.

Nous efforcerons également de faire du G8 à Évian un fort moment de politisation et de mobilisation autour de la question coloniale.

 
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