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Des patrons voyous et une lutte qui dure et s’intensifie à Bergams




Depuis le 13 septembre, les salariées de l’usine Bergams sont en grève. Ils et elles dénoncent un accord de performance collective (APC) passé il y a un an. Cette lutte s’éternise et pourrait basculer sur le terrain juridique en se soldant par une procédure de liquidation.

L’usine Bergams, située à Grigny (91) fait partie du groupe agroalimentaire Norac qui appartient à Bruno Caron (347e fortune de France). Elle produit des sandwichs et salades pour des groupes comme Monoprix, Relay, Air France. Elle emploi des salariées d’environ 35 nationalités, dont 80% de femmes.

En septembre 2020, suite à la crise sanitaire et une forte baisse de la production, la direction propose un accord de performance collective (APC). Cette mesure (introduite par les ordonnances Macron-Pénicaud de 2017), permet de réduire les salaires, augmenter les heures de travail, ne plus compter l’ancienneté dans les salaires, ne plus compter les heures sup. Mais tout ça, à condition d’être signé par une majorité d’élues au CSE et validé par un référendum. Menaçant de fermer boutique, la direction convainc ses salarié.es et les syndicats et l’APC est signé.

Un an après, la production est repartie comme avant la pandémie, le groupe refait des profits, mais la direction ne veut pas lever l’APC (rien ne l’y oblige).

Les salariées se mettent alors massivement en grève à l’appel de leurs sections locales SUD Industrie, CGT-FNAF et FO qui ont toutes des élues au CSE. Plus aucune production ne sort de l’usine, et un piquet de grève est installé à l’entrée et tenu nuit et jour par une cinquantaine de grévistes. Ces dernieres sont soudées et soutenues par les unions départementales Solidaires 91, CGT 91 et FO 91 dont les militant.es viennent les soutenir quotidiennement sur le piquet, leur fournissent des barnums, une sono pour les AG et l’ambiance et mettent en place des caisses de grève.

La mairie de Grigny participe aussi au soutien en faisant livrer régulièrement de quoi manger sur le piquet, tout comme des associations locales.

En plus du piquet, de nombreuses actions s’organisent. Une première manifestation le 22 septembre, puis un rassemblement le 12 octobre devant la préfecture d’Evry qui reçoit une délégation de grévistes, et enfin un aller-retour à Rennes pour faire du bruit devant la direction du groupe Norac, qui reçoit aussi une délégation. De nombreuses diffusions de tracts sont organisées en Essonne pour faire connaître la lutte et alimenter les caisses de grève.

De véritables patrons voyous

Dans cette lutte, les grévistes sont confronté.es à de véritables patrons voyous qui méprisent leurs salariées. Ils ont profité du choc dû au premier confinement pour les duper en leur faisant du chantage à l’emploi pour les convaincre de valider cet APC, alors que la maison mère de l’usine, disposait de fonds propres colossaux capables d’absorber la baisse de profits de quelques mois. Cet APC n’a en tout cas aujourd’hui plus lieu d’être, mais les patrons sont en position de force et ne comptent rien entendre.

Quand la grève démarre, ils vont jusqu’à afficher des messages à leurs fenêtres de bureaux : « sa boîte on l’aime ou on la quitte » ou encore « Grève = Pôle emploi », un mépris de classe à vomir. Ces affiches disparurent quand les premiers journalistes arrivèrent pour couvrir la lutte.

Plutôt que d’écouter les revendications légitimes des salariées, la direction refuse toute négociation, et poursuit par deux fois des grévistes en justice, les accusant de blocage. Par deux fois, elle est déboutée.

Vers un épilogue au tribunal commercial

Le groupe a maintenant compris que les grévistes iront jusqu’au bout et ne lâcheront rien. Plutôt que de négocier, il cherche maintenant tout bonnement à se débarrasser de cette usine. Les grévistes viennent en effet d’apprendre que la direction entamait une procédure collective. Plusieurs issues sont possibles : celle qu’un repreneur se fasse connaître, ou bien la liquidation de la boîte. Dans ce cas, c’est au Tribunal commercial que les modalités de la liquidation se décideront. La lutte s’oriente donc vers le terrain judiciaire, et les patrons sont déjà à la manœuvre. . Quand la grève débutait, la direction de l’usine se gargarisait d’avoir assez de fonds pour tenir des mois sans production. Aujourd’hui, elle affirme au contraire avoir une dette colossale vis à vis de la maison mère, justifiant ainsi la nécessité d’une liquidation. Quelle surprise !

Depuis quelques jours, les grévistes ont décidé d’occuper leur entreprise. Ce n’est pas d’une liquidation qu’ils et elles veulent, mais de pouvoir reprendre le travail avec des salaires et un temps de travail corrects !

L’Union communiste libertaire apporte tout son soutien aux grévistes de Bergams.

Bergams doit vivre !

Union communiste libertaire, le 2 novembre 2021.

 
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