États-Unis LGBTI-phobies : quand la loi excuse le meurtre




Aux États-Unis, une grande majorité d’États reconnaissent comme moyen de défense pour un criminel le fait d’avoir appris l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de la victime  : c’est la « gay and trans panic defense  »...

En janvier, Trump a décidé d’interdire l’accès à l’armée pour les personnes transgenres. Même si l’idée d’aller combattre sous les couleurs étatsuniennes (ou sous n’importe quelles couleurs étatiques et impérialistes d’ailleurs) est étrangère aux idées libertaires, ce geste constitue néanmoins un signal inquiétant en matière d’avancée pour les droits des LGBTI (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes).

Déjà repoussée une première fois à janvier 2018, l’autorisation d’intégrer l’armée pour les personnes trans a été annulée au prétexte du «  fort coût médicamenteux  » des suites des opérations de réassignation sexuelle… alors même que le budget de l’armée étatsunienne dépasse les 600 milliards de dollars par an !

Trump n’est que le sommet de l’iceberg LGBTIphobe

Fin août, le président des États-Unis a récidivé en affirmant vouloir autoriser les patrons à licencier leurs employées du fait de leur transidentité. Le ministère de la Justice a saisi la Cour suprême (la plus haute sphère du système judiciaire étatsunien) pour revenir sur la loi de 1964 interdisant les discriminations fondées sur le sexe, en prétendant qu’il s’agirait là de «  sexe biologique  », comme si le sexe n’était pas déjà une construction sociale.

Aux Etats-Unis, les droits des personnes LGBTI sont très fragiles et de multiples combats restent encore à mener. Trump n’est que le sommet de l’iceberg homophobe et transphobe. Pour preuve  : dans la plupart des États qui composent ce pays, il est encore possible d’invoquer un «  trouble  » comme moyen de défense lors d’un crime commis après avoir appris l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de la victime. Ce prétendu trouble est nommé «  gay and trans panic disorder  ».

Bien que retiré du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), qui est l’ouvrage de référence publié par l’Association américaine de psychiatrie, le gay and trans panic disorder est encore utilisé dans les défenses légales, pour venir au secours de meurtriers transphobes ou homophobes. Le meurtre n’est que l’expression la plus brutale des oppressions que subissent au quotidien les personnes LGBTI, dans toutes les sphères de la société.

C’est seulement en 2014 que les choses ont commencé à changer, lorsque la Californie a interdit cette défense pour la première fois. En juin 2019, les États du Connecticut et de New York ont rejoint la Californie, l’Illinois, Rhode Island, le Nevada, le Maine et Hawaï parmi les Etats bannissant la gay and trans panic defense.

Il y a donc encore 42 États du pays où cette défense est considérée comme légitime et permet de diminuer drastiquement la peine encourue lors d’un de ces crimes de haine.

Ov (sympathisant UCL)

 
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