Syndicalisme

Interpro : en Ardèche, on rallume sans cesse la mèche




Oui, une union locale de syndicats peut jouer un rôle pivot dans les luttes d’une région, et se redynamiser dans le même temps. À condition de sortir de la routine, d’être pluraliste et d’établir des liens solides avec les autres forces sociales. C’est le pari fait par l’UL-CGT d’Aubenas.

Un mouvement social contre la retraite par points qui s’organise autour des syndicats et des gilets jaunes  ? Des formes de lutte horizontales et élargies  ? Un contrôle démocratique sur les actions à mener  ? Dans le sud-Ardèche, c’est devenu une pratique courante depuis que les grèves de 2019-2020, ont provoqué un renouveau du militantisme dans ce coin de campagne habituellement plutôt tranquille.
Quand le mouvement de défense des retraites a démarré dans le sud-Ardèche, le 5 décembre 2019, cela faisait déjà un an que les gilets jaunes occupaient un rond-point.

Ici la jonction avec SUD et la CGT, sur la base de l’appel intersyndical national, s’est fait sans grosse anicroche, avec de réunions associant l’intersyndicale aux différents groupes de gilets jaunes. Après ce prélude, la conduite du mouvement a été assurée par des assemblées générales ouvertes, précédées de réunions intersyndicales préparatoires. Les délais entre chaque mobilisation étant très réduits, il était nécessaire que le maximum de monde soit présent pour proposer et voter les actions. Tracts et banderoles ont été réalisées par des équipes mandatées par l’AG.

Les syndicats de lutte ont créé une caisse de grève alimentée par les dons en manif, mais aussi par deux festivals de cinéma (dont un féministe). Ce système très collectif a perduré après les grèves, les syndicats appuyant le collectif du 8 mars et le K-féministe d’Aubenas, pour une journée complète d’actions et une manif aux flambeaux.

Sur cette dynamique, l’UL-CGT ambitionnait de relancer des activités sociales à la Maison des syndicats (entraide, culture populaire, débats, projections, club de boxe avec la FSGT…) mais la crise du Covid a tout mis en suspens. L’UL-CGT a dû se limiter à une conférence sur les bourses du travail dès l’été, pour recréer des sociabilités après le confinement.

Les luttes du moment, c’est contre la fermeture des lits à l’hôpital de Joyeuse, et contre les licenciements dans le groupe OI (verrerie), qui possède une usine à Labégude. On participe à leurs AG, on les aide à diffuser des tracts pour susciter la solidarité.

Grève victorieuse des territoriaux

L’UL-CGT d’Aubenas a également épaulé la grève victorieuse des territoriaux de Saint-Paul-le-Jeune, dont le maire refusait de remplacer un départ en retraite, de verser la prime Covid et de payer la cotisation au Comité national d’action sociale.
Tout au long de l’année 2020, le mouvement social local est resté soudé, et s’est regonflé à l’occasion de la lutte contre la Loi de sécurité globale.

Mais ce qui semble surtout avoir énervé la préfecture – la police convoque désormais volontiers militantes et militants pour les «  auditionner  » –, c’est l’opposition des syndicats, associations et gilets jaunes à un grand projet inutile local  : la construction d’une basilique démesurée par une communauté catholique à Saint-Pierre-de-Colombier.

Cependant, alors que ces luttes s’enchaînent, et nourrissent des formes de démocratie horizontale, il est parfois nécessaire de se réinterroger en cours de route pour vérifier les objectifs et les stratégies. Par exemple sur les alliances de circonstance, ou sur l’intrusion dans les débats d’idées réactionnaires – complotistes par exemple. La solidité et l’implication des militantes et militants syndicaux peuvent alors se révéler décisives.

Pieris et Léo (UCL Ardèche)

 
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