Lire : Christiane Passevant « Femmes dissidentes au Moyen-Orient »




Christiane Passevant livre dans Femmes dissidentes au Moyen-Orient un ensemble de quatre interviews illustrés de nombreuses photographies de femmes, trois Israéliennes et une Égyptienne qui ont consacré leur vie à tenter de changer les choses dans leurs pays. Notamment pour les droits des femmes, bien sûr, et Christiane Passevant ne cesse de les interroger sur la situation des droits des femmes dans leurs pays (avortement, égalité hommes-femmes…). Toutes se réclament du féminisme et luttent ainsi à contre-courant dans des sociétés conservatrices et patriarcales.

Mais elles veulent changer les choses, aussi, plus généralement, pour les droits humains, pour la justice et l’égalité entre les peuples, pour le socialisme et la démocratie, contre les fondamentalismes, qu’ils proviennent d’islamistes ou de sionistes intégristes.

Ces interviews ont été réalisées pour l’essentiel à deux moments : le premier au début des années 1990, le second en 2006. Entre les deux, les situations dans les pays concernés ont profondément évolué, pour le meilleur et surtout pour le pire : on mesure ainsi la baisse continuelle de l’espoir d’une paix juste et durable dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Depuis, avec les révolutions du Printemps arabe, la situation s’est encore profondément métamorphosée. On regrette que les femmes interrogées ne l’aient pas été après ces événements, notamment, bien sûr, la féministe égyptienne Nawal Al Saadawi. Malgré tout, outre son évident intérêt historique, le caractère inactuel de ces interviews fait percevoir l’intemporalité de certaines questions propres à la région.

Surtout, ils permettent de voir que malgré les obstacles imposés par les intolérances religieuses et raciales comme par l’oppression sexiste, il est possible de faire naître des solidarités. Pour Arna Mer Khanis, disparue en 1995, à travers le développement d’un projet éducatif pour les enfants du camp de réfugié-e-s de Jénine en Cisjordanie. Pour l’avocate Léa Tsemel, en défendant devant les tribunaux les droits trop souvent bafoués de Palestiniens et Palestiniennes tout en menant plus généralement un combat antisioniste. Pour Michal Schwartz, en informant sur les exactions des forces armées israéliennes à partir de la première Intafada (1987), ce qui lui a valu d’être arrêtée et emprisonnée par le Shin Bet. Enfin, Nawal Al Saadawi, l’Égyptienne, a fait du combat pour l’émancipation des femmes et contre le fondamentalisme religieux son combat depuis 1982, année où elle crée l’Association de solidarité des femmes arabes. Leurs propos directs et offensifs permettent de faire, malgré tout, vivre l’espoir.

Vincent (AL Paris-Sud)

Christiane Passevant, Femmes dissidentes au Moyen-Orient, 2015, Éditions libertaires,
145 pages,
13 euros.

 
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