Lire : Michel Millet, « 1878, Carnets de campagne en Nouvelle-Calédonie »




Qui se rappelle encore en France métropolitaine qu’en 1878, la Kanaky a vécu l’une des plus importante révolte contre la colonisation ? Cette année là, Michel Millet, paysan bourguignon se trouve en Nouvelle-Calédonie puisqu’il y fait son service militaire comme artilleur. Cet homme, à peine lettré, prend soin d’écrire un journal de son expérience durant la répression qui suit cette révolte. Ce récit n’est pas celui des événements, mais plutôt celui d’un Français qui découvre petit à petit ce pays lointain. Partant en campagne pour « tuer du Canac », Michel Millet est tout d’abord déçu de ne pas en avoir l’occasion, puis son ton change à mesure qu’il fréquente les kanaks auxiliaires de l’armée française.

Dans cette Kanaky du XIXe siècle, on croise des condamnés (notamment des communards…) qui y ont été déportés, des anciens condamnés qui ont reçu des concessions agricoles, des arabes déportés suite aux révoltes de 1870 et 1871 en Algérie, de multiples corps d’armée et autres forces de l’ordre… et tout ça se range dans le camp de la France lors de la révolte de certaines tribus kanaks, dont les terres sont grignotées par les concessions.

On comprend aussi les difficultés d’une armée d’occupation, inadaptée au territoire (Michel Millet décrit avec précision les difficultés du ravitaillement ou celles pour transporter son canon dans les chemins défoncés et les montagnes), obligée de s’en remettre à ses auxiliaires kanaks pour faire le sale travail.

Ce texte, difficile à lire dans les premières pages tant les fautes d’orthographes et de prononciation sont nombreuses, est introduit par une préface très éclairante de l’anthropologue Alban Bensa, qui met en lumière l’intérêt du témoignage et le confronte à un témoignage kanak des mêmes événements.

Renaud (AL Alsace)

• Michel Millet, 1878, Carnets de campagne en Nouvelle-Calédonie, Anacharsis, septembre 2013,15 euros.

 
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