Rencontres d’été d’AL : Anarchie en Aveyron !




Les Rencontres d’été d’Alternative libertaire se sont tenues du 2 au 8 août à la République populaire du Roucous (Aveyron). Une dixième édition très réussie, avec une bonne variété de formations, débats et ateliers.

Très bon crû cette année pour ces Rencontres d’été qui ont rassemblé près de 100 personnes, dont une cinquantaine de militantes et militants d’AL parmi lesquels pas mal de nouveaux et nouvelles qui ont adhéré dans le cadre de la récente campagne de renforcement. La semaine a été bien remplie et conviviale, dans un cadre que l’équipe du Roucous a su aménager pour le rendre très agréable. Quand ils le voulaient, les participantes et les participants ont ainsi pu prendre du bon temps et improviser divers loisirs (rando, baignade dans le Tarn, projections de films, une éphémère chorale a même vu le jour), l’animation enfants étant assurée par une équipe de professionnels.

Mais on n’était pas là que pour s’amuser, et le programme des formations et des débats était bien rempli. En fonction des sujets, ces Rencontres ont en effet pris diverses formes : conférence/formation (économie, histoire, Otan, Palestine, Martinique, Françafrique) ; exposé/ débat (syndicalisme, crise économique, luttes paysannes, taxe carbone) ; ateliers en petits groupes (théâtre, écriture, vidéo, informatique/logiciels libres). Citons-en les temps forts.

L’anticolonialisme en force

Pierre Stambul, Ami d’AL et membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP) s’est penché sur l’histoire du projet colonial sioniste et la lutte pour la libération de la Palestine. Il a également évoqué le rôle-clef joué par l’UJFP pour lutter contre les pompiers-pyromanes du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Un petit débat a suivi sur les scénarios de solution possible du conflit (deux États, une fédération, un pays unique, laïc, démocratique...).

Notre camarade Nemo, de Fort-de-France, a présenté son livre Matinik Doubout (éditions d’AL, 2009), seul ouvrage sorti à ce jour sur la grève générale de février-mars, et qui a déjà remporté un petit succès de librairie sur l’île. Son intervention, vivante et détaillée, a rappelé que la Martinique n’avait pas simplement « imité » la Guadeloupe. La grève générale y a été le fruit d’un long et parfois ingrat travail de préparation. Les progrès de la conscience de classe, imprégnée d’anticolonialisme, constituent le plus bel acquis de ce mouvement, au-delà de ses avancées revendicatives. Si la population n’a pas osé réquisitionner les vivres qui pourrissaient au port pendant la grève, Nemo a vu dans la naissance de quelques coopératives après la grève des attitudes autogestionnaires inédites sur l’île.

Autre intervention passionnante, celle de Samuel Foutoyet, de l’association Survie, auteur de La Françafrique décomplexée, qui a montré en quoi la « rupture » sarkozyste constituait une imposture aussi en matière de politique africaine, et a brossé un panorama complet du système néocolonial qu’est la Françafrique. La conférence sur l’Otan, préparée par AL Alsace qui a joué un rôle important dans la mobilisation d’avril à Strasbourg, a mis en lumière l’action de cette organisation militaro-criminelle, qui ne se limite pas aux théâtres d’opération extérieurs (Kosovo, Afghanistan). Elle prépare également un contrôle militarisé de la contestation « intérieure ».

Préparer la rentrée sociale

Répondant à une tradition bien établie, des camarades de la Confédération paysanne de l’Aveyron ont rendu visite à AL pour exposer l’actualité des luttes paysannes en France et dans la région.

Les débats sur la crise économique et sur le syndicalisme ont surtout permis d’identifier les brèches dans lesquelles le mouvement social peut s’engouffrer pour déstabiliser le capitalisme et l’État (lire pages 2-3). Sur ce point, il faudra compter sur les communistes libertaires pour que le débat ne se polarise pas sur les préoccupations à courte vue (élections régionales, recompositions institutionnelles...), mais à la fois sur les moyens d’action pour engager une épreuve de force contre le capital et pour l’autogestion, le socialisme, pour une société débarrassée du patriarcat, du racisme et du productivisme, finalités de cette confrontation.

Laurent Esquerre, avec France (AL Paris nord-est)

 
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