Répression étudiante : Double peine à Lyon-II




Des syndicalistes étudiants de l’université lyonnaise sont poursuivis à la fois pénalement et en commission disciplinaire par la présidence suite à une action collective.

« Quarante ans d’humanités », il n’y a guère que l’université Lumière Lyon-II pour se reconnaître un tel mérite. Entre la dénonciation des boursiers défaillants au Crous, la collaboration avec la préfecture pour les étudiants et étudiantes sans papiers, l’exploitation des personnels de ménage et des vacataires, nous n’avions pas très bien saisi tout le sens de cette «  humanité  ».

Aujourd’hui,
Lyon-II brille pour sa politique répressive du mouvement syndical.
L’année dernière, le 21 novembre 2013 lors d’un envahissement de conseil décidé en assemblée générale, le président Jean-Luc Mayaud décide de faire intervenir les flics et la brigade anticriminalité (Bac) au sein du campus afin d’arrêter les étudiants et étudiantes mobilisés. Suite à des arrestations musclées, nous étions six (dont quatre
personnes de Solidaires
Etudiant-e-s) à passer les vingt cinq heures suivantes en garde à vue. Quelques mois plus tard, trois étaient poursuivi-e-s en justice pour violences aggravées sur les vigiles et rébellion contre les agents de la Bac. Le 8 septembre, le verdict tombe : six mois de sursis pour Vincent, trois mois de sursis pour Myriam (membre d’AL) et 4 000 euros d’amende à se partager…

Justice d’État

Nous avions à peine réussi à récolter toute la somme demandée, qu’on
apprenait déjà la mauvaise nouvelle. Non content de faire planer au-dessus de ses étudiants la menace de la prison, le président de l’université nous informe qu’il nous poursuit en conseil disciplinaire pour «  entrave au bon fonctionnement de l’établissement  ». Le but de la manœuvre est simple, virer de la fac les étudiants qui gênent, ceux et celles qui s’opposent à l’application de politiques d’austérité de la fac. La sanction maximale encourue est une exclusion de cinq ans non seulement de la fac, mais de toute école d’enseignement supérieur. Nous sommes convoqué-e-s en commission d’instruction le lundi 20 octobre.

Jusqu’à présent dissimulée derrière la plainte de ses vigiles, la présidence se dédouanait de toute implication dans le procès que nous subissions. Avec cette attaque du conseil disciplinaire, elle ne peut plus se cacher derrière ses employés ; en effet, c’est bien le président de l’université qui, après avoir attendu le rendu du tribunal et renforcé dans ses positions par la condamnation que nous avons reçue, décide de nous poursuivre en conseil disciplinaire. Dès lors, il est impossible de nier le caractère politique de la répression qu’il orchestre, ni l’acharnement dont il est l’origine.

Supprimer les « leaders »

La convocation en commission disciplinaire s’inscrit dans un processus de répression antisyndicale de la présidence prenant plusieurs formes : arrachage d’affiches, difficulté pour avoir les subventions, intimidation et surveillance faite sur les militantes et militants, etc. Par tous les moyens, la présidence affiche sa volonté délibérée de vouloir supprimer ce qu’elle considère être comme les « leaders » étudiants et de vouloir empêcher Solidaires Étudiant-e-s de continuer de lutter. Erreur. Aujourd’hui sur la fac, de multiples foyers de contestation voient le jour.

Une mobilisation dans la faculté d’art du spectacle est en train de s’organiser. Cette faculté est l’une des plus touchées par la dernière réforme de l’université, la loi Fioraso  : elle a vu son budget baisser de 60 %, ce qui l’empêche d’avoir les conditions matérielles nécessaires pour l’enseignement et la pratique de ces disciplines (bâtiment fermé, logiciels informatiques absents, etc.). Un mouvement de vacataires est lui aussi en train de faire du bruit à la fac, ils et elles demandent entre autres le paiement de leurs heures de travail, le versement mensualisé de leur salaire, l’écriture de leur contrat de travail… La contestation gronde également chez les personnels administratifs dont les primes sont réduites et chez les personnels de ménage dont la précarité ne cesse de croître (externalisation de leur service, c’est-à-dire appel à des sociétés privées). La répression n’arrêtera pas la lutte, la présidence ne nous fera pas taire !

Myriam (AL Lyon)

 
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