SNCF : dépasser la simple protestation




Quelle sera l’interprétation faite de la manifestation nationale cheminote du 8 février ? Manif de printemps ? Démonstration de force ? Tremplin électoral ? Comment motiver les collègues sur cet objectif ?

Temps fort, journées saute-mouton, grévettes sans suite… jusqu’où va nous mener la stratégie de la CGT-Cheminots ? Pour faire suite à la grève du 8 novembre, “ forte mobilisation des cheminots ” dixit la CGT, la seule perspective proposée et quasiment imposée aux autres fédérations syndicales : une manif nationale à Paris le 8 février ! Pas très enthousiasmant…

Prise pour elle-même, cette journée d’action du 8 février est entendue par certaines bureaucraties syndicales comme une simple protestation contre le gouvernement et la direction SNCF.

À nous d’en faire autre chose. Le DAL et les Don Quichotte ont, en janvier, montré comment il était possible de profiter d’une période électorale pour faire paniquer le gouvernement : avec des luttes, pas avec de simples protestations ! C’est pourquoi il faut déjà penser à l’après-8 février. Il nous faut faire comprendre aux cheminotes et cheminots que cette manif n’est pas qu’un “ avertissement ” pour les candidates et candidats aux élections. Elle doit se comprendre comme une étape vers une véritable construction des luttes.

Stratégie en trompe l’œil ?

Nous savons bien qu’une manif ne suffira pas à peser sur les choix budgétaires de la direction et de l’État. Les affaires sont déjà cadrées. La présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, a soit disant pris des engagements après la journée du 8 novembre. Il faut être soit naïf soit malhonnête pour faire croire aux cheminotes et cheminots que la direction SNCF va tenir parole. Et ce n’est certainement pas le 8 février que nous pourrons engranger de nouvelles conquêtes sociales.
Militantes et militants libertaires, il va nous falloir être convaincant-e-s, déjà, dans nos syndicats, pour mobiliser les collègues. Cette tactique de journées “ étouffoirs ” de mobilisation commence à lasser sérieusement et entraîne des rapports difficiles entre syndicats dans les régions et plus localement dans les services et sur les chantiers, et il nous faut faire attention à ne pas tomber dans ce piège de la division. Le repli catégoriel commence à se manifester, même dans des sections syndicales réputées combatives.

Stratégie des libertaires ?

Toutes les formes d’action sont louables et peuvent servir à rebondir pour un conflit plus dur décidé par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes. Il est évident que seules les actions émanant d’une volonté de la base permettra de freiner la casse orchestrée par l’État et de la direction SNCF.

Le 8 février, nous serons dans la rue pour la défense des services publics, l’arrêt de l’éclatement de la SNCF, la défense de notre statut et son extension à toutes les travailleuses et les travailleurs du rail. Seul SUD-Rail a poussé pour que cette initiative soit une manif de défense de tous les services publics. Les grèves, décidées dans la fonction publique et l’enseignement ce jour-là vont peut-être nous permettre de faire cette jonction interprofessionnelle.

Notre rôle consiste bien à argumenter et convaincre, surtout en cette veille d’élections, pour une convergence des luttes, qui ne trouvera en aucun cas sa traduction dans les urnes.

Stratégie d’après-manif ?

La “ grande CGT ” ne tolèrera plus de conflit majeur, son recentrage ne lui laisse que le choix institutionnel. Toutefois, il faut calmer les “ troupes ” les plus virulentes. Elle écrit qu’il faut multiplier les initiatives locales et régionales (envahissement des DP ou des comités d’établissements, grèves locales….). Pour rappel, la grève des conductrices et conducteurs en décembre, initiée par SUD Rail, dans laquelle se sont inscrit-e-s des équipes CGT, mais pas leurs caciques (lire Alternative libertaire de janvier 2007). Pas question d’aller au conflit national, alors que les projets de la direction vont encore faire des dégâts. Le fret va être filialisé, des centaines d’emplois vont encore être supprimés cette année. L’éclatement de l’entreprise va s’accélérer. Le processus de casse du statut, via l’emploi de personnels des filiales et la sous-traitance va aller croissant.

Il nous faut trouver de nouvelles formes de luttes, attirantes pour les plus jeunes. Expliquer, informer, débattre dans nos services et chantiers, combattre la résignation et la morosité des collègues. Les cheminotes et cheminots, comme l’ensemble des salarié-e-s, doivent reprendre confiance. Ce militantisme pédagogique n’est il pas le rôle des révolutionnaires et plus particulièrement des libertaires ?

Christian (AL Épinal) avec AL Rail

 
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