Vigimark : Les maîtres-chiens ne lâchent rien




Les travailleurs exploités du gardiennage en sous-traitance se sont organisés pour obtenir des papiers et retrouver des conditions de travail décentes.

Grâce à plusieurs luttes syndicales récentes – chez Effia (filiale SNCF de services en gare) : 39 jours de grèves, Cremonini (restauration ferroviaire) : 26 jours, I2S (gardiennage) : 12 jours pour simplement recevoir leur salaire –, la question de la sous-traitance à la SNCF connaît une actualité brûlante. Et le conflit des agents de sécurité sans-papiers de Vigimark, déjà organisés pour beaucoup à Sud-Rail (qui ne syndique pas que des cheminots) a permis de mettre en relief un système particulièrement crapuleux.

C’est début octobre 2008 que 39 maîtres-chiens, officiant pour le compte de la société Vigimark dans les gares d’Île-de-France, prenaient contact avec Sud-Rail. La plupart n’avaient pas de contrat de travail, cumulaient des heures et des jours de travail harassants dans des conditions d’hygiène intolérables, bref ils subissaient une exploitation liée à leur statut de sans-papiers.

La SNCF devant ses responsabilités

La responsabilité de la SNCF, comme donneuse d’ordre, et de la société Vigimark, qui sous-traitait en cascade à plusieurs autres sociétés de sécurité, était ainsi révélée au grand jour. Le rapport de forces a imposé à ces entreprises de participer au processus de régularisation. Cependant, une fois les dossiers constitués et les promesses d’embauches obtenues, c’est le blocage de la préfecture de Paris que les travailleurs sans-papiers et Sud-Rail ont dû surmonter, car le ministère de l’immigration refusait de traiter les dossiers de régularisation par le travail dans les métiers de la sécurité. Deux manifestations (voir le film réalisé par Fred Dubreuil : Maître-chiens sans papiers se battant pour leur régularisation, sur YouTube) ont provoqué la tenue d’une rencontre entre les camarades sans papiers, Sud-Rail, le ministère, la préfecture et la direction SNCF, permettant le dénouement prochain de la situation.

Il y a eu un rebondissement récent puisque la SNCF a décidé de rompre unilatéralement le contrat avec Vigimark pour donner le marché à une autre entreprise : Challancin. Un courrier signé par le secrétaire de la fédération CGT-Cheminots a jeté de l’huile sur le feu en désignant Sud-Rail comme responsable de la situation instable ainsi créée à Vigimark (ou pourtant CGT et Solidaires luttent ensemble contre les patrons !). Mais, bien que la convention collective n’oblige pas à une reprise de l’intégralité du personnel, le rapport de forces institué par Sud-Rail a malgré tout permis de reprendre tout le monde pour les chantiers SNCF transférés.

Si on pouvait soupçonner que certains travailleurs et travailleuses des entreprises de nettoyage, de gardiennage ou de réfection des voies étaient sans papiers à la SNCF, peu avaient osé se manifester.
Espérons que cette lutte fasse tache d’huile...

Camara (AL-Rail)

 
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