A contre-courant : TCE : Une victoire à confirmer




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


En concédant un référendum en juillet dernier, Chirac pensait se refaire une santé et jouer un sale tour au PS. Si le second objectif a bien été atteint, la manœuvre a complètement foiré en ce qui concerne le premier. Si la dissolution de 1997 a pu nuire à Chirac et à sa caste, la réponse négative au référendum du 29 mai pourrait avoir des conséquences d’une autre ampleur en nuisant cette fois aux intérêts de la classe qu’il représente.

Rien que pour cela, par réflexe de classe, il fallait voter NON. Ce que la France d’en bas a fait massivement.

Ce réflexe de classe ne met pas seulement en piteux état la camisole juridique libérale qu’on voulait nous passer, il crée aussi de meilleures conditions pour l’émergence d’une réelle prise de conscience de classe et des luttes émancipatrices qui devraient l’accompagner. Et quelques signes montrent que la dynamique pourrait gagner d’autres peuples en Europe. Après des décennies de fausses victoires, de vrais échecs et de graves régressions, ça fait du bien !

Le déroulement de la campagne référendaire aura obligé le camp adverse à abandonner toute pudeur dans la mise à nu de ses complicités institutionnelles, médiatiques et politiques. Les forces qu’il est capable de déployer sont désormais clairement identifiables aux yeux de tous ; de quoi affiner la tactique pour la suite. L’ampleur de ces forces ne nous a pas empêchés de gagner cette bataille ; de quoi donner confiance pour aller plus loin.

Car il faudra aller plus loin. Y parviendrons-nous sans nous engager une nouvelle fois dans une impasse ? On peut être inquiet quand on entend à gauche quelques jérémiades sur le thème « on nous a volé notre vote ! » Comme si les gestionnaires du capital pouvaient être démocrates ! Comme s’ils ne nous avaient volé que cela ! Parfois, la même musique à forte tonalité électorale se fait aussi entendre à l’extrême-gauche : « Chirac démission ! » La bourgeoisie n’a pas besoin de vous, camarades, pour comprendre qu’elle a intérêt à se débarrasser de ce débris politique pour nous amener ensuite à devoir choisir au deuxième tour de la Présidentielle entre Pompidou (Villepin) et Poher (Sarkozy) ; il ne nous resterait plus alors qu’à nous consoler avec les progrès de Fabius qui aura fait mieux que Defferre (vu que Buffet n’atteindra jamais le score de Duclos).

Le scénario électoral est redoutable : rien de tel pour capter et dévoyer l’énergie populaire. Pour que le NON ne nous soit pas volé, pour lui donner un sens politique clair, on ne peut compter que sur les luttes. Moins elles tarderont, plus elles seront efficaces à transformer notre victoire symbolique en acquis consistants.

 
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