Amendement Mariani : « Test ADN » : 0/20




Le ramdam entourant les tests ADN est un arbre épineux qui cache la forêt de ronces, mais dans le fond il dénote le caractère réactionnaire et raciste du gouvernement et de son image de la famille nécessairement biologique.

Le « projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile » s’est vu enrichi d’un amendement présenté par M. Mariani, prévoyant que les autorités proposent au demandeur ou à la demandeuses de visas « d’exercer, à ses frais, la faculté de solliciter la comparaison de ses empreintes génétiques aux fins de vérification d’une filiation biologique déclarée avec au moins l’un des deux parents » en cas de doute sur l’authenticité des documents d’état-civil.

Certes diverses modifications ont eu lieu au cours des débats parlementaires et le résultat est peut être légèrement différent. Ainsi, le gouvernement a modifié l’amendement, en proposant le remboursement des « tests ADN » si le visa est accepté et en prévoyant qu’il n’y ait pas proposition des autorités mais demande spontanée. Mais tout cela ne change rien à l’esprit qui a présidé à l’écriture de cet amendement.

Deux problèmes se posent. Celui du fichage génétique d’abord. Les personnes étrangères entrant en France seront fichées, dès le berceau. Ensuite le problème de la vision du monde et des relations que ce type de loi installe dans notre société. Le lien familial ne peut plus être que génétique pour les personnes étrangères. Quid de l’enfant de la famille élargie accueilli, de l’adoption, de l’adultère fécond, des familles recomposées ?

Dans un choquant exercice raciste de « deux poids, deux mesures », l’extension de ce concept à la France n’est pas direct. Notre état-civil est fiable. L’adoption est parfaitement admise, et on ne proposera jamais un test systématique pour attribuer les allocations familiales.

Par contre, marteler que « la filiation est génétique », est un repli sur la famille hétérosexuelle traditionnelle. C’est ce concept de parent forcément biologique qui ferme les esprits à d’autres visions de la société : des appariements plus variés de groupes parentaux, l’homoparentalité, l’adoption par une ou plusieurs personnes homosexuelles.

Tout génétique

La primauté du génétique est déjà avancée par Nicolas Sarkozy comme déterminant de la pédophilie [1]. A quand le retour des tests d’intelligence pour l’orientation scolaire ? Si l’intelligence et la délinquance sont génétiques, plus besoin de programmes sociaux. Chacun-e pour soi (et dieu n’existant pas) dans le meilleur des mondes capitalistes. Nous pourrions prédire le retour d’une conception génétique des différences hommes-femmes mais celle-ci restant ancrée dans les mentalités, le boulot est fait.

Ne nous laissons pas berner par des fadaises parées des apparats de la science. La prédominance du génétique, c’est à la fois la justification de la famille patriarcale et celle des inégalités.

La commission antipatriarcat

<titre|titre=Un amendement peut en cacher un autre>

Ce projet de loi contient d’autres éléments qui ne sont pas discutés, alors qu’ils mériteraient les mêmes débats que ceux autour des « tests ADN ».

 L’article 21 du projet de loi, limitant l’accès aux centres d’hébergement d’urgences aux étrangers et étrangères en situation irrégulière alors que cette population est une des plus sensibles à la question du logement.
 Mais c’est surtout l’amendement autorisant le traitement de données concernant les origines raciales ou ethniques qui a été voté sans l’ombre d’un débat « sans que les dispositions relatives au consentement exprès de la personne ne soient applicables, contrairement à ce que prévoyait jusque là la loi informatique et libertés. » [2] L’enregistrement de données personnelles de cet ordre (dont on ne peut garantir qu’elles resteront anonymes) est une nouvelle tentative de fichage.

[11. « Nicolas Sarkozy, Michel Onfray : confidences entre ennemis », Philosophie magazine, mars 2007.

[21. Le « détail » de l’ADN : et si Fillon avait raison ?, http://arretsurimages.net, 9 octobre 2007

 
☰ Accès rapide
Retour en haut