Bastion Social à Marseille : les fascistes s’installent, la riposte piétine




À Marseille, les habitantes luttent depuis des années contre l’implantation de l’extrême droite dans les quartiers. Et la police met des bâtons dans les roues… des antifascistes. Merci Macron !

Dans les Bouches du Rhône, ce sont des militantes et militants Action française (AF) qui lancent le Bastion social (BS), un réseau initié par le Gud, d’abord à Aix avec l’ouverture en février 2018 de la Bastide. C’est ensuite à Marseille, le 24 mars, qu’une centaine de fascistes venus de toute la France inaugure le Navarin rue Fort-Notre-Dame, située entre le Vieux Port et Notre-Dame-de-la-Garde. Pendant ce temps, un millier de manifestantes et manifestants défilent sur la Canebière, exigeant son interdiction.

Ce n’est pas un coup d’essai, l’AF a déjà animé un local rue Navarin dans le quartier de la Plaine. Cette fois, ils et elles espèrent que cela se passera mieux. En effet à La Plaine la résistance s’était rapidement organisée  : des riveraines et riverains du local avaient monté un collectif après des menaces et des agressions racistes et sexistes. Dans ce quartier turbulent, ils et elles avaient trouvé le soutien nécessaire pour mener une lutte de longue haleine, victorieuse au bout de trois ans  : l’AF quitte alors la Plaine pour un quartier moins combattif où elle pense pouvoir s’activer sans opposition. En souvenir, elle baptise son nouveau local du nom de la rue de l’ancien.

500 manifestants, une initiative peu brillante

Début 2019, le collectif contre le BS relance la mobilisation pour que le premier anniversaire du Navarin soit le dernier. L’annonce par Macron de sa dissolution n’incite pas à baisser les bras, au contraire  : il faut maintenir la pression pour que la déclaration présidentielle se traduise par des actes. Dans les semaines qui précèdent l’initiative, des tractages et des signatures de pétitions sont organisés dans le quartier. Le vendredi 22 mars, une soirée se tient dans la salle de l’ancienne imprimerie du quotidien la Marseillaise. Elle commence par la projection du premier volet du documentaire d’Al Jezeera «  Génération Haine  » tourné en caméra cachée à la Citadelle, le local lillois de Génération identitaire. Autour de 80 personnes participent au débat qui suit, des habitantes et habitants de la rue Navarin sont présents pour parler de leur expérience.

La mobilisation contre le Bastion social avait remporté un succès certain en mars 2018. On ne peut pas en dire autant de celle de mars 2019.

Le lendemain, c’est la manifestation. Au point de départ, les antifascistes se mélangent brièvement avec plus d’un millier de gilets jaunes (GJ) qui manifestaient déjà depuis plusieurs heures. Mais quand ces derniers continuent de leur côté, déception, nous ne sommes plus que 500, dont une quarantaine de GJ, les syndicats CGT, FSU, Solidaires et CNT, des organisations politiques dont AL, des associations, et des antifascistes, certaines venus en renfort de Paris, Lyon et d’ailleurs. Ce n’est pas brillant pour une initiative portée par une quarantaine d’organisations et préparée depuis plus d’un mois...

Le dispositif répressif particulièrement important ne tarde pas à entrer en action. Arrivé sur la Canebière, la tête de manifestation est attaquée sans raison, les manifestantes et manifestants se dispersent en désordre. Après un flottement, la manifestation se reforme pour terminer sur le Vieux Port où se trouvent de nombreux GJ. À la fin des prises de paroles, les personnes restantes sont encerclées, et chargées violemment à deux reprises. La mobilisation se solde par plusieurs interpellations et des blessés. Pendant ce temps-là, le BS fête son anniversaire protégé par la police…

Hervé (AL Marseille)

 
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