Édito : Nouveaux Barbares




Dans l’espoir d’apaiser un corps enseignant durement touché par des années de baisse de salaire réel et une diminution drastique de ses pensions de retraite, le ministre de l’Éducation a annoncé en janvier une augmentation notable de leur rémunération sur les vingt ans à venir... laquelle a été finalement déclarée inconstitutionnelle par le Conseil d’État.

Dans l’espoir d’apaiser un corps enseignant durement touché par des années de baisse de salaire réel et une diminution drastique de ses pensions de retraite, le ministre de l’Éducation a annoncé en janvier une augmentation notable de leur rémunération sur les vingt ans à venir... laquelle a été finalement déclarée inconstitutionnelle par le Conseil d’État.

Impréparation et chiffrage douteux qui trahissent l’amateurisme d’une équipe de gestionnaires médiocres ? Il faut sans doute moins y voir la marque de leur incompétence qu’un cynisme habile. Les temps paraissent loin, où la violence du monde économique se donnait des airs de compromis, tout enrubannée de « démocratie » et d’« intérêt commun ».

En France comme aux États-Unis, les nouveaux barbares ne s’embarrassent guère de ce traditionnel vernis de légitimité : mal élus, ils frappent vite et fort, sur tous les fronts, se soucient étonnamment peu de convaincre ou d’apparaître crédibles, sèment le doute par des déclarations fantaisistes ou inconsistantes, et comptent finalement sur l’effet de sidération et le désarroi des populations pour enchaîner à un rythme implacable la casse de l’école publique, des hôpitaux, des universités, des retraites, etc.

Il ne serait pas impossible cependant que la brutalité nue, passée la stupéfaction, finisse par amalgamer contre elle les colères populaires les plus diverses. Travaillons à ce que celles- ci s’articulent dans le mouvement social pour ne pas, à la prochaine présidentielle, qu’elles se jettent par dépit dans la gueule de brutes autrement plus terrifiantes.

UCL, 27 janvier 2019

 
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