À quand l’égalité réelle ?




40 ans après les émeutes de Stonewall, presque 30 ans après la dépénalisation de l’homosexualité
en France, 11 ans après le Pacs … le compte n’y est toujours pas pour les lesbiennes, les
gays, les bi, les trans’ et les intersexes ! Les personnes LGBTI sont toujours victimes de l’oppression
patriarcale : interdiction du mariage, de l’adoption, de la procréation assistée, du don du sang,
pathologisation des trans’, mutilation des intersexes .... La LGBTI-phobie est partout et l’égalité des droits piétine.
Ainsi, le gouvernement UMP passe par pertes et profits ses promesses électorales, comme le statut du
beau-parent, et Roselyne Bachelot effectue des tours de passe-passe pour faire des économies
sur le dos des trans’ : les trans’ seront maintenant placé-es sous l’étiquette « trouble de
l’identité de genre » mais toujours soumis-es au suivi médical ; au passage cela pourrait permettre
de ne plus rembourser les traitements de transition à 100 %. Et pendant ce temps, les
membres de Gaylib (UMP) défilent librement au sein de la Marche des fiertés alors qu’ils et
elles sont complices de ces manoeuvres.

Si les luttes pour obtenir ces droits sont essentielles et que l’égalité en démocratie
ne peut souffrir d’exception, cela ne suffit pas. En effet, l’égalité des droits ne mettra
pas fin au patriarcat. Ce système consiste en l’exploitation matérielle et sexuelle des
femmes par les hommes. Il est à la base de la séparation de l’humanité en deux genres
construits comme hétérosexuels et complémentaires.
L’oppression des personnes homosexuelles, bisexuelles, trans’ ou intersexes
découle directement de ce système. La binarité des genres et la contrainte à l’hétérosexualité
reposent sur la naturalisation abusive du sexe et de la sexualité. Pourtant,
on ne naît pas femme, homme ou hétérosexuelle, on le devient : c’est un système
plurimillénaire qui institue les comportements hétéronormés à travers la famille,
l’éducation et les institutions étatiques. L’État et la médecine s’érigent en défenseurs de l’ordre
patriarcal en faisant des trans’ des malades mentaux et en condamnant les enfants
intersexes à des réassignations de sexes barbares. On ne sortira de ce système que par un combat
fédérant tous les groupes opprimés par le patriarcat, que ce soient les femmes ou toutes
les personnes qui ne suivent pas la norme de genre binaire et hétérosexuelle.

Comme le capitalisme, le patriarcat ne connaît pas de frontières. La Marche
des fiertés est aussi l’occasion de manifester notre soutien aux personnes LGBTI du
monde entier. Rappelons que cette marche commémore la première révolte LGBT de
1969, lorsque des gays et des trans’ se levèrent face à une énième descente de police
dans un bar new yorkais (le Stonewall Inn) et lancèrent une vague de protestations qui
a, depuis, gagné le monde entier. Cette solidarité internationale doit aussi se
manifester par notre soutien aux personnes sans papiers menacées d’expulsion, alors
qu’elles ont quitté des pays où, souvent, leur vie était en jeu.
Nous manifestons aussi pour celles et ceux qu’on empêche de vivre dignement à travers
le monde. Aujourd’hui, aucun peuple ne peut malheureusement se prévaloir d’être sorti du
système patriarcal et, en conséquence, la lutte pour les droits des femmes ou des personnes
LGBTI ne peut en aucun cas servir l’impérialisme des pays dominants. Nous ne
sommes pas dupes de cette instrumentalisation. Le combat contre le patriarcat se mène
à la base par ceux et celles qu’il opprime, en s’appuyant sur des solidarités horizontales à
travers le monde.

Enfin, la lutte contre le patriarcat doit s’articuler avec le combat contre le capitalisme et
contre toutes les formes de domination. Le patriarcat est un système de domination qui implique
à la fois l’exploitation matérielle des femmes et l’oppression sociale des femmes et des personnes
LGBTI. Cela permet de maintenir un ordre social et moral où chacun doit rester dans le rang,
être hétéro, avoir des enfants, travailler, accepter sa condition de salarié. Ainsi, le capitalisme s’appuie
sur le patriarcat pour imposer aux femmes des temps partiels non choisis et les salaires de misère qui
vont avec. Les capitalistes utilisent aussi le patriarcat pour étendre la marchandisation des corps et
transformer la culture LGBTI en un marché lucratif. Les lesbiennes subissent ainsi une double oppression
en tant que femmes (plus souvent à temps partiel, au chômage et moins bien payées que les
hommes) et homosexuelles, ce qui participe à leur quasi invisibilité dans l’espace public. Les personnes
trans’, quant à elles, sont pour moitié RMIstes, parce qu’il leur est impossible de retrouver
du travail sans avoir pu modifier leur nom et la mention de sexe sur les registres de l’État civil. L’articulation
des luttes contre le patriarcat, le capitalisme et contre toutes les formes d’oppression est
donc une nécessité si nous ne voulons pas favoriser une oppression en en combattant une autre.

Contre le patriarcat, aujourd’hui comme hier, nos désirs font désordre.
C’est pourquoi, uni-es dans la Marche des fiertés, nous revendiquons :

 l’égalité des droits (mariage, filiation) indépendamment du sexe et de l’orientation
sexuelle,
 l’application du droit à l’asile et au séjour pour toutes les personnes LGBTI menacées
dans le monde,
 la dépathologisation des trans’ et l’arrêt des réassignations de genre des intersexes à la naissance,
 la suppression des mentions de sexe sur les papiers d’identité et les documents d’État civil,
une éducation non sexiste et non genrée et une éducation à la sexualité débarrassée des
normes hétérosexuelles et de l’injonction à la reproduction, centrée sur le plaisir partagé et
le respect du consentement,
 une meilleure répartition des richesses qui permette à chacun-e d’être indépendant-e de
sa famille,
 un statut de l’individu et des droits sociaux et économiques détachés de l’appartenance à
un couple,
 la reconnaissance de toutes les formes de vie commune librement consentie et d’éducation
partagée des enfants.

Alternative libertaire

Nouveau Parti Anticapitaliste

Collectif TumulTueuses

Tract Fierté 2009
 
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