Conseil général de la Seine-Saint-Denis : Comme un bug chez Bartolone...




Les informaticiens ne sont pas, en règle générale, une population socialement très remuante. Mais au Conseil général de la Seine-Saint-Denis (CG93), la très grande majorité de la Direction des systèmes d’information (DSI) s’est mise en grève le 17 mai.

Début mai, un contractuel de la DSI est convoqué pour lui signifier le non-renouvellement de son contrat. Cette éjection fait suite à de nombreuses tentatives d’intimidation. Or, il n’a pas fait preuve d’incompétence et a même fait tous les efforts possibles pour tenter de donner satisfaction aux exigences délirantes de l’encadrement. Qui plus est, cet événement intervient dans un contexte de très fortes restrictions budgétaires (budget d’investissement de la DSI amputé de 40 % par rapport au budget demandé), qui fait que se priver d’une ressource apparaît comme une aberration.

Ce contexte explique la très forte mobilisation qui suit. Le 9 mai, une heure d’information syndicale déposée par Sud Collectivités territoriales réunit en assemblée générale plus de 70 agents (sur 137 à la DSI). La FSU et la CGT-Ourviers-Employés se joignent à Sud pour soutenir le collègue. La parole se libère, et l’heure d’information montre que la souffrance face aux méthodes de management, au manque de moyens et à la perte de sens de la mission de la direction est très largement répandue.

Élus envahis… puis débordés

Le 17 mai, il ne reste guère plus d’une vingtaine d’agents dans les couloirs de la DSI, pendant que 80 personnes envahissent le 3e étage de l’Hôtel du Département, celui des élus du Conseil général, pour exiger une rencontre. Nombreux sont ceux et celles qui font grève pour la première fois de leur vie.

Face au directeur de cabinet de Claude Bartolone (président PS du CG93), les agents refusent de quitter les lieux tant qu’ils n’ont pas été reçus. Finalement, deux élus PCF, puis un élu PS avec le directeur général des services reçoivent les grévistes qui exposent une plate-forme revendicative portant sur la réintégration du collègue, la gestion des personnels (et en particulier des contractuels), et le management à la DSI. Une pétition avec 132 signatures, exigeant la réintégration du collègue, est remise. De l’avis des « anciens et anciennes », cette mobilisation est historique.

Trois jours plus tard, le collègue se voit proposer un poste dans une autre direction. La semaine suivante, une AG réunit plus de 50 personnes qui actent l’avancée et décide de mettre en place trois groupes de travail internes à la DSI pour faire des propositions sur le traitement des revendications. Le 6 juillet, la direction et les élus reçoivent l’intersyndicale et accepte les trois axes proposés par l’assemblée générale. Le 9 juillet, tous les agents sont réunis pour leur annoncer ce plan de travail.

Cette mobilisation est intéressante par plusieurs aspects. D’abord, elle a fait entrer la grève et la mobilisation dans le champ du possible pour les agents.

Une lutte de solidarité et intersyndicale

Ensuite, elle est motivée par la solidarité avec un précaire, mais elle a mobilisé de très nombreux titulaires. De plus, elle a su dépasser le cas individuel pour porter des revendications collectives ; elle a aussi dépassé le niveau des critiques pour élaborer des propositions concrètes. Enfin, elle a montré que l’unité syndicale peut fonctionner. Alors que les relations entre Sud, FSU et CGT peuvent parfois être tendues, le travail syndical a parfaitement fonctionné ici, dans la confiance et le respect, en sachant dépasser les esprits parfois un peu boutiquiers des animateurs syndicaux..

Tout cela peut donc servir de point d’appui pour de futures luttes, mais aussi peut servir d’exemples à d’autres directions du CG93.

Scapin (AL 93)

 
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