RSA : La solution miracle a fait long feu




Le RSA, entré en vigueur au début de l’été 2009, devait permettre de réduire la précarité. Bien sûr, son bilan ne semble pas donner raison aux vœux pieux du gouvernement.

Le RSA a été annoncé, campagne publicitaire tapageuse à l’appui, comme une énième solution miracle au problème des travailleuses et travailleurs pauvres et de la précarité en général. Or, avec le recul de 10 mois de « fonctionnalité », on constate que cette mesure entraîne au contraire une précarisation ainsi qu’un renforcement du contrôle social sur les allocataires.

Trois types de reculs pour les bénéficiaires

Malgré le fait qu’une minorité des bénéficiaires verra s’accroître le montant de son obole, on peut évoquer trois causes principales aux nouvelles difficultés rencontrées par les Rsistes.

La centralisation du traitement des dossiers, qui entraîne un éloignement et donc des retards importants du versement des allocations, fait d’autant plus intolérable qu’une personne qui perçoit 450 euros par mois ne peut supporter de devoir payer des agios bancaires pour cause de chèques ou prélèvements refusés.

À cela s’ajoute le fait que le calcul des ressources pour l’obtention du RSA est moins favorable aux allocataires que ne l’étaient ceux du RMI et de l’API (allocation de parent isolé, également remplacée par le RSA). Une différence essentielle est que l’attribution se fait désormais en fonction des ressources et de la composition du foyer, et non plus en fonction du statut du demandeur. Ce nouveau mode de calcul prend en compte toutes les ressources de la famille, salaires et allocations chômage, mais aussi pensions alimentaires et allocations jeunes enfants, les revenus d’épargne et héritages, ainsi que le train de vie du demandeur (Hi-fi, loisirs, mobilier, éléctro-ménager...). En bref, tout est fait pour qu’un minimum de personnes puisse avoir accès au RSA socle (montant de l’ancien RMI). En plus, la CMU (couverture maladie universelle) n’est plus attribuée automatiquement à l’allocataire, des impôts locaux et la redevance télé peuvent être à payer...

Un dernier point important, et non des moindres, favorisant cette précarisation généralisée, concerne l’obligation d’acceptation des ORE (offres raisonnables d’emploi) proposées aux bénéficiaires. Celles et ceux-ci ne pourront en refuser que deux et accepter la troisième sous peine de se voir retirer le RSA, alors que les critères de « raisonnabilité » de l’offre (proximité domicile/lieu de travail, salaire, domaine professionnel souhaité) s’élargissent bien sûr au fur et à mesure de la durée d’inscription. On vient là de faire sauter la dernière protection existante pour les personnes en grave rupture sociale. Alors qu’on ne pouvait pas se faire retirer le RMI, même sans effort visible de réinsertion, le RSA permet de laisser une personne sans aucun revenu de subsistance.

Flicage du train de vie !

Pour enfoncer le clou, ce nouveau coup porté aux sans-emplois, travailleurs pauvres et « autres précaires » s’accompagne de méthodes de contrôle social outrancières. On assiste à une véritable « criminalisation des pauvres » avec la recherche de la moindre fraude. Pour cela est utilisé le désormais célèbre fichier unique CAF, sécu, pôle emploi, impôts, urssaf ainsi que tout les organismes payeurs.

Plus orwellienne encore est l’assermentation d’agents de la CAF habilités à pénétrer les domiciles afin de vérifier le train de vie des allocataires. Interdiction donc de possèder des cadeaux de valeur ou des biens coûteux issus d’une longue et pénible économie, car cela justifie le fait que l’on ne se débrouille pas si mal sans allocs !

Ne nous privons pas de noircir ce tableau déja bien sombre en ajoutant qu’un employeur engageant une personne par le biais de ce dispositif se voit éxonéré de cotisations sociales pour ce salarié pendant deux ans (allez, encore un nouveau transfert du salaire socialisé vers le salaire fiscalisé !). Ce qui incite bien sûr les patrons à réengager un nouvel Rsiste au terme de deux années, plutôt que de pérénniser un emploi. Cessons de tolérer ces mesures « bout de ficelle » de rafistolage de la misère, et exigeons dès maintenant un emploi décent à salaire décent pour toutes et tous !

Jipé (AL Lorient)

 
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