L’alternative : Redistribuer les richesses en faveur des travailleurs




Pour financer les retraites, la question n’est pas tant de savoir s’il faut cotiser 45, 40, 37,5 ou 25 annuités. La question c’est de faire payer les classes possédantes. La société est largement assez riche pour assurer un revenu décent à toutes et tous.

Le débat politique est tout entier guidé par l’idée qu’il y aurait un « problème des retraites ». Le système par répartition serait menacé par la gourmandise de retraité-e-s de plus en plus nombreux par rapport à la population active – et qui, en plus, ont le mauvais goût de continuer à vivre jusqu’à 80 ans. Or cette idée est fausse. Les « trous » des différents régimes d’assurance sociale (chômage, maladie, vieillesse…) ont pour cause première les innombrables exonérations fiscales accordées aux entreprises ou aux riches particuliers. Quand l’État tarit la source de financement des retraites et de la Sécu, il est particulièrement hypocrite de paraître ensuite s’étonner du déficit qu’il a créé.

Puisque le capitalisme nous épuise à la tâche puis avant de se débarrasser de nous, qu’au moins il passe au tiroir-caisse : finançons les retraites en commençant par supprimer les exemptions fiscales et par augmenter les cotisations patronales. Certes, le Medef gémira, criera à l’assassinat de la compétitivité, brandira en modèle des pays où l’on voit des hommes et des femmes de 70 ans travailler dans les fast-food pour ne pas mourir de faim. N’oublions pas que cet argent vient fondamentalement du travail fourni par les salarié-e-s. S’en réapproprier une maigre partie pour nos retraites, ce n’est que justice.

Les annuités ? Obsolète

Puisque dans le capitalisme, les salarié-e-s ne travaillent que pour le bénéfice des possédants, ils ont raison de vouloir en sortir au plus vite. Il n’y aurait

pas à se désoler d’être remercié à 58 ans en moyenne, comme c’est le cas aujourd’hui, si le système garantissait en échange un revenu constant.

Dans une société où le chômage dépasse les 10 % [1], allonger la durée légale du travail est un crime. Pour désengorger le marché de l’emploi, il ne faut pas reculer l’âge de départ en retraite, au contraire, il faut l’avancer : 55 ans pour toutes et tous !

Ensuite, le versement des pensions doit être désindexé du nombre d’annuités cotisées. Pour la majorité des salarié-e-s dont le « déroulement de carrière » n’a rien de linéaire, il est pratiquement impossible d’atteindre ne serait-ce que les 40 annuités de cotisation. Les femmes, les anciens chômeurs de longue durée, les travailleuses et les travailleurs immigrés arrivés tardivement en France, ceux et celles entrés tardivement sur le marché du travail... Le concept des annuités est obsolète. Défendre les 40 annuités ou le retour aux 37,5, c’est bien, mais ce qu’il faut revendiquer en priorité, c’est une retraite décente pour toutes et tous à 55 ans, sans conditions.

Enfin, il faut défendre le principe de la répartition, cette anomalie socialiste au sein du système marchand, et refuser toute capitalisation. Les cotisations vieillesse n’ont rien à faire dans des portefeuilles boursiers où elles engraisseraient les acteurs de l’économie-casino. Les institutions financières ont suffisamment prouvé ces dernières années leur complète irresponsabilité, pour que les travailleuses et les travailleurs esquivent ce piège.

Vincent Nakash (AL Paris-Sud)

[1Selon le calcul du Bureau international du travail

 
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