Renault Douai : Un CSE ratatiné, des cadences aggravées




En mai, les élections professionnelles à l’usine ont eu lieu dans un contexte anxiogène : des rumeurs persistantes de modification des cadences, avec suppressions de postes à la clef. Rumeur confirmée une semaine après les élections, une fois que la direction a constaté que les syndicats jaunes restaient majoritaires.

Le 21 mai, à l’usine Georges-Besse, avaient lieu les élections au conseil social et économique (CSE), la nouvelle instance fusionnant CE, DP et CHSCT. Avec, globalement, une réduction du nombre des élues et des heures de délégation. Salariées et syndicats se posent beaucoup de questions sur les conséquences de cette perte de moyens. Comment le CSE va-t-il fonctionner ?

Moins de déléguées sur le terrain pour surveiller les atteintes au Code du travail, c’est la porte ouverte à l’augmentation des abus et des accidents. D’autant qu’aux élections, les syndicats clientélistes (FO, CFDT) restent majoritaires face aux syndicats de lutte (CGT et SUD).

Dans le 1er collège (ouvrières, ouvriers et employées), FO baisse de près de 4 points mais restent majoritaires avec 32,46 % (6 sièges). SUD recule de 3 points à 23,2 %, et se fait doubler par la CFDT (23,5 8%) : 5 sièges chacun. La CGT remonte un peu, avec 18,27 % (+ 3 points) et obtient 3 sièges. La CFTC plafonne à 2,46 %.

Dans le 2e collège (agentes de maîtrise), la CGC est en tête avec 46,37 % (- 9 points) et 3 sièges. Suivent FO (18,64 %, + 2 points), la CFDT (17,41 %, + 4 points), 1 siège chacun. La CGT (9,39 %, + 3 points) et SUD (5,23%, - 2 points) n’obtiennent aucun siège. Dans le 3e collège (cadres), la CGC a 2 sièges.

En septembre, Fini les 2 × 8

Le recul de SUD par rapport aux élections de 2014 correspond à une baisse générale de la combativité : grèves moins suivies, du coup moins d’appels à la grève ces dernières années. La CGT progresse mais malheureusement ce n’est sans doute pas pour sa combativité, elle aussi en ­berne depuis la lutte contre les lois Travail.

Quelques jours après ce résultat, la direction annonçait, lors d’un CE extraordinaire, une grande réorganisation du travail. En septembre, fini les 2 × 8. Le bâtiment montage (le « DA ») tournera sur une seule équipe à 60 véhicules/heure contre deux équipes en alternance à 35 véhicules/heure actuellement. La question des cadences à l’emboutissage et à la tôlerie sera abordée au prochain CE.

On n’a pas été trop étonnés. Les bruits de couloir à ce sujet étaient tellement forts que, malgré le vacarme assourdissant des machines, ils étaient parvenus jusqu’à nos oreilles ! On pourrait se réjouir de se lever plus tard… Le problème c’est que les effectifs vont être sabrés. Plus de 570 intérimaires connaissent déjà leur sort.

Quant aux opérateurs et opératrices, ils savent que les postes vont se détériorer, surtout avec un CSE qui compte moins de déléguées. Or les surcharges de travail sont déjà légion ici, provoquant arrêts maladies, et même un suicide en janvier. On pourrait presque dire que, dans cette taule, on produit autant de Cotorep que de véhicules…

Damien (UCL Douai)

 
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