Tournée UCL-Argentine : La FOB à la pointe du féminisme de classe




Plusieurs centaines de personnes au total ont participé aux réunions publiques de la tournée organisée par l’UCL du 26 octobre au 23 novembre, dans treize villes de France, avec trois militantes de la Fédération d’organisations de base-autonome (FOB autónoma).

Depuis plus de douze ans, les drapeaux rouge, violet et noir de la FOB se sont fait connaître dans les rues d’Argentine. À l’intersection de l’action directe et du féminisme, le tout en prônant l’autogestion et la démocratie directe, la FOB, qui s’appuie sur une base à 80 % féminine et en grande majorité migrante, a mis en mouvement des milliers de travailleuses et de travailleurs pour leurs droits.

Depuis cet automne, la fédération s’est cependant scindée, une majorité d’organisations de base ayant jugé opportun d’intégrer une structure plus bureaucratique et institutionnelle du mouvement piquetero. Ce sont donc trois représentantes de la minorité animée par l’esprit libertaire – la FOB autónoma –, qui ont fait la tournée avec l’UCL.

Au fil des étapes – aussi bien urbaines que rurales – les réunions publiques ont attiré 40-50 personnes en moyenne, même dans des bourgades de moins de 1500 habitantes et habitants, comme Sauxillange (63) ou Lasalle (30), avec un public souvent majoritairement féminin.

La soirée était structurée par la projection de témoignages filmés de militantes expliquant les raisons de leur engagement : le chômage, l’insalubrité du logement, la dure condition d’immigrante (un certain nombre sont boliviennes, péruviennes, paraguayennes, brésilienne), le refus des violences patriarcales.

À la FOB, elles ont trouvé de la solidarité, de l’entraide, ont appris à prendre la parole, à organiser des actions collectives. La fédération a pris une large part au mouvement des « foulards verts » pour la légalisation de l’avortement. Les présentes répondaient ensuite aux questions de la salle.

À Fougères (35) où, après Les oiseaux de la tempête, un deuxième lieu autogéré va ouvrir dans une ancienne usine, les militantes et militants ont pu discuter des activités sociales que la FOB menait dans ce type d’espace.

À Montreuil (93), la soirée s’est déroulée à la Maison des femmes, un lieu d’accueil historique pour les victimes de violences (au travail, domestiques, prostitution, mariages forcés, mutilations sexuelles…), avec une assistance très féminine et latino-américaine.

Idem à Lyon (69), où 90 personnes sont venues à la librairie autogérée La Plume noire, avec la participation du Planning familial.

À Millau (12), avec un public plutôt gilet jaune et syndicaliste, les retours ont été unanimement très bons, et la soirée a renforcé les liens locaux et avec les réseaux militants des villes voisines.

Depuis le 27 octobre, l’Argentine a de nouveau un gouvernement péroniste, ce qui aggrave les risques de séduction et d’institutionnalisation des mouvements sociaux par ce courant politique prônant la conciliation capital-­travail sur la base du populisme et du clientélisme.

Une bonne partie du mouvement populaire argentin saura toutefois s’en défier, rester indépendant et combatif. Et si la FOB autónoma est à l’image des trois camarades qui ont fait la tournée de l’UCL, nul doute que cette organisation sera dans les premiers rangs de la lutte.

 
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