Amiens : L’agriculture paysanne en procès




Le 28 octobre dernier à Amiens s’est tenu le procès de militantes et militants de la Confédération paysanne impliqué-e-s dans des actions contre la ferme-usine des 1 000 vaches.
L’État n’a encore une fois pas lésiné sur la répression. Ce procès est symbolique de la mort des petites fermes, mais aussi de la résistance des paysannes et paysans bien décidé-e-s à ne pas en rester là.

Au petit matin du 28 octobre, les tracteurs et les cyclistes de la caravane en provenance de Notre-Dame-des-Landes sont arrivés, toutes pancartes dehors, sur la place du palais de justice d’Amiens. Des bus ont également été affrétés depuis de nombreuses régions de France pour soutenir les neuf militantes et militants de la Confédération Paysanne envoyé-e-s devant la justice pour des actions sur la ferme des «  1 000 vaches  » en mai 2014.

Répression syndicale

Pour l’occasion, le syndicat avait convié des paysannes et paysans à monter des stands de produits issus de l’agriculture paysanne et avait organisé diverses animations pour occuper la place tout au long de la journée. Environ 4 000 personnes se sont réunies en solidarité avec les personnes convoquées et ont assisté, devant le tribunal, à une parodie de procès.
Les militantes de la Conf’ sont poursuivi-e-s pour dégradation en réunion (ou incitation), vol, recel et refus de prélèvement ADN, à la suite d’actions sur le site de l’usine, à Drucat dans la Somme. Ces actions ont été décidées alors que Raméry, le constructeur, installait les premières vaches dans son usine, sans même en avoir l’autorisaton. Il a fallu que le gouvernement fasse intervenir les forces de l’ordre pour protéger l’industriel et permettre la première collecte de lait.

Agro-industrie contre petites fermes

Les paysans venu-e-s défendre les petites fermes contre les usines ont été mis en examen et ont été condamné-e-s à 2 à 5 mois de prison avec sursis et à 300 euros d’amende pour celles et ceux qui avaient refusé le prélèvement d’ADN. Face à la répression acharnée de l’État, le syndicat agricole entend bien faire appel et surtout continuer le combat !

La ferme-usine des 1 000 vaches est emblématique de l’accélération de l’industrialisation de l’agriculture en France. Elle a pour objectif de produire 9 millions de litres de lait par an grâce à mille vaches entassées dans une usine [1]. Mais ce qui intéresse ce patron du BTP, c’est en fait le méthaniseur géant qu’il projette d’installer et qui produira… de l’électricité. Place donc à la vache à énergie qui vend son lait à bas prix et permet de cumuler les subventions (rien que 4 millions par an). L’industrialisation de l’agriculture implique donc une chute des prix et la mort des petites fermes, mais aussi une concentration des moyens de production aux mains des capitalistes  [2]
. L’industrialisation de l’agriculture à outrance n’en est qu’à ses débuts et les traités en cours d’adoption au niveau européen, comme le Tafta, ne font qu’amplifier ce modèle. Les États se contentent de réprimer soigneusement les mobilisations qui s’y opposent, comme à Sivens. Mais la lutte doit continuer et être menée aux côtés des paysannes et paysans par tous et toutes  !

Camille (AL Paris Nord-Est)

[1Même si, grâce à la mobilisation, le projet devrait être revu à la baisse et n’accueillir « que » 500 vaches. Voir à ce sujet « Ferme des 1000 vaches  : Affronter l’agriculture industrielle » dans AL n°243 d’octobre 2014

[2Voir l’article «  Mille vaches dans une ferme-usine  » dans AL n°242 de septembre 2014

 
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