Syrie : Comment reconstruire après Raqqa ?




De retour du Kurdistan syrien où il avait rejoint les YPG en tant que volontaire étranger pendant plusieurs mois, notre camarade Arthur fait le point sur les perspectives pour les peuples de la région après les combats meurtriers de Raqqa.

Ce n’est un secret pour personne, la guerre contre Daech touche à sa fin. Ces derniers mois n’ont pas été faciles pour la révolution, la prise de Raqqa s’est payée au prix de la vie de beaucoup de camarades de valeur, mais a aussi eu un coût politique important. J’entends par là que, de par les pressions des États impérialistes qui voulaient en finir le plus rapidement possible avec leur Frankenstein islamiste, le siège de Raqqa a été une bataille sanglante. On parle de plusieurs milliers de civil.es tué.es au minimum, et il ne reste quasiment pas un bâtiment qui ne porte sur lui les stigmates des combats. Que va dire la population quand elle rentrera dans sa ville meurtrie ?

La tâche sera immense pour les Forces démocratiques syriennes (FDS) de faire accepter leur proposition de confédéralisme démocratique dans un champ de ruines fumantes. Surtout que les territoires de Daech ont certes été repris mais une grande majorité de ses militants, ayant bien compris qu’ils ne pourraient rien contre nos assauts, soutenus par les frappes aériennes de la coalition, se sont simplement dispersés et cachés parmi leurs soutiens dans la population. C’est tout le paradoxe de l’empressement d’en finir pour les impérialistes : les destructions démesurées de cette offensive ont sûrement offert plus d’opportunité de fuite aux djihadistes qu’une avance plus lente mais plus mesurée. Ce sont encore les différents peuples qui auront à payer les agendas des politicards pressés de pouvoir annoncer quelque chose pour gagner quelques points de sondage auprès de l’opinion publique.

Gagner le cœur des populations

Les camarades sur place en ont bien conscience, c’est ce que j’avais dit dans l’un des premiers posts sur mon blog [1], le destin de la révolution se jouera dans l’après-Daech et la capacité de gagner le cœur des populations. Néanmoins, au vu de l’état des infrastructures du pays, l’un des enjeux sera très clairement la reconstruction. Comme dit la chanson : le ventre vide, l’homme ne peut discuter. Or avec le blocus impitoyable organisé par la Turquie et une situation compliquée au Kurdistan irakien, un appareil industriel quasiment inexistant (le nord de la Syrie a toujours été une colonie intérieure, le grenier à blé pour le reste du pays), vers qui se tourner ? Les États-Unis ou bien la Russie auront vite fait d’offrir une aide qui ne sera évidemment pas sans contrepartie. La révolution est décidément un jeu plus compliqué qu’un tweet. C’est ici que nous, militants et militantes du monde entier, nous avons un rôle à jouer.

Arthur Aberlin

[1À lire sur le blog kurdistan-autogestion-revolution.com

 
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