syndicalisme

Bâtiment : Vous pouvez essayer de nous briser, nous ne nous tairons pas




En France, un mort par jour sur les chantiers du BTP. Celles et ceux qui dénoncent cela sont réprimés, harcelés, menacés de la prison. Un cas exemplaire, avec l’affaire Philippe Christmann.

Des jets de confettis, des slogans tagués avec de la peinture à l’eau : c’était le 24 avril 2014 dans les locaux de la Fédération française du bâtiment (FFB) à Paris, envahis par une cinquantaine de militantes et de militants CGT. L’objectif : interpeller cette organisation patronale sur les morts au chantier (1 par jour travaillé en France !) et sur la prise en compte de la pénibilité dans les métiers du BTP.

En réaction la FFB porte plainte. Jusque ici tout va bien. Nous nous considérions encore dans une république démocratique. Notre naïveté va coûter cher à notre camarade Philippe Christmann, administrateur de la fédération CGT Construction-Bois-Ameublement et seul poursuivi pour « dégradation de biens privés en bande organisée ».

Le 4 novembre 2016, en première instance, le tribunal correctionnel a condamné Philippe au paiement de 17 000 euros. En séance, la procureure « explose » et s’insurge contre cette condamnation par trop légère ! La prison ferme est, selon ses propos, la seule alternative possible. Philippe subit ensuite le blocage de son compte bancaire et est menacé de la saisie de ses biens. En dehors de toute procédure de prévenance... Après le militant, sa famille devient la cible !

Le n°2 de la FFB, a ensuite débarqué au siège de la CGT pour proposer de stopper la procédure en échange de 30 000 euros. Pourtant, seul le procureur peut décider de stopper, ou non, une procédure. Le n°2 de la FFB imagine-t-il avoir des relations au sein du parquet pour obtenir cela ? Quoi qu’il en soit, il est reparti bredouille.

L’audience en appel est prévue le 15 janvier au tribunal de Paris. Nous y serons ! Nombreuses et nombreux, déterminés et n’excluant aucune forme d’action, considérant que le « pacte républicain » est brisé. Ce sont eux qui portent des costumes qui ruissellent de notre sang, mais c’est nous que l’on embastille !


Manifestation de soutien le lundi 15 janvier 2018

  • rassemblement dès 11 heures au 33 avenue Kléber, siège de la Fédération française du bâtiment, à Paris 16 (métro Étoile).
  • manifestation jusqu’au Trocadéro puis retour devant le siège de la FFB ; prises de parole et restauration sur place.

Au moment où l’ensemble des salons parisiens se vantent de la baisse des accidents mortels sur les chantiers du BTP, la réalité est toute autre. Seuls les salariés du régime général sont recensés, et encore, sans les intérimaires. La boucherie réservée aux salariés détachés est invisible... Les ouvriers indépendants et les artisans ne sont pas recensés... Quant aux pauvres bougres sans papiers et pas déclarés, c’est à peine si les corps sont retrouvés... Bref, le carnage devient la règle et la République française autorise la mort au travail, au nom de l’emploi, du dialogue social et de la croissance !

L’affaire Philippe Christmann n’est par ailleurs qu’une parmi d’autres. Depuis janvier 2016, 800 camarades ont été traduit.es au pénal pour fait syndical ou « trouble à l’ordre public en bande organisée ». Un volume qu’on n’avait plus connu depuis 1968. Lors d’une rencontre bilatérale, le président de la FFB, Jacques Chanut, n’avait pas hésité à nous déclarer en face : « Dès que je vois un CGT, je fais comme avec les corbeaux dans un champ. Je le cloue à un poteau ! Ça éloigne les autres ! »

Pour la fédération CGT Construction-Bois-Ameublement,
Frédéric Mau, secrétaire fédéral

Les travailleurs du bâtiment en action, le 27 mai 2016.
 
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