Formation : La face cachée du tout apprentissage




Le 4 septembre 2017, jour de rentrée scolaire, Muriel Pénicaud, notre chère ministre du travail, était en visite officielle dans le Tarn, à Albi, sur le thème de l’apprentissage. Cette visite dans un CFA annonçait l’ouverture d’une grande réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage, pilotée justement par le ministère du travail.

Dans son programme Présidentiel, Emmanuel Macron annoncé vouloir instaurer « un quasi monopole de l’alternance comme voie d’accès aux emplois de qualification moyenne ». L’apprentissage serait la voie d’ « excellence » menant à l’emploi. Depuis la rentrée, une campagne médiatique est donc lancée afin de promouvoir l’apprentissage au détriment bien sûr de la formation professionnelle sous statut scolaire. Cette dernière étant jugée, par les milieux politiques et patronaux, comme inapte et éloignée de l’entreprise. Or, dans la réalité, l’apprentissage n’est pas plus efficace que la voie scolaire et ce type de formation coûte plus cher. Par exemple, la région Île-de-France dépense 1505 euros par lycéen.ne contre 2567 euros pars apprenti.es.

Régionaliser pour mieux contrôler

Par cette volonté du tout apprentissage, le gouvernement entend régionaliser l’enseignement professionnel sous statut scolaire afin de la placer sous le contrôle des régions et des organisations patronales. Le 5 décembre dernier a eu lieu une rencontre entre les présidents de Région et 24 parlementaires. Ces derniers se sont mis d’accord pour donner plus de poids au monde économique en adaptant la carte des formations en fonctions du bassins d’emploi des régions. Selon eux, cette objectif « nécessite que les régions soient responsables de l’orientation en lien avec l’Éducation nationale et les branches professionnelles ». Cette compétence en matière d’orientation, les régions la réclament depuis longtemps. En clair, il s’agit de sortir au plus vite les élèves du service public d’éducation en les orientant le plus rapidement possible vers l’apprentissage.

Favoriser la mixité des parcours et des publics

Gouvernement, patronat et régions prônent également de continuer à développer l’apprentissage au sein de l’enseignement public tout en favorisant la possibilité de faire exercer les enseignant.es à la fois en voie scolaire et en apprentissage. L’objectif étant de développer le mixage des parcours et des publics afin de diminuer les moyens alloués à l’enseignement professionnel public et à mettre à disposition des entreprises les plateaux techniques des lycées professionnels. En autre, il s’agit de regrouper des élèves avec des statuts différents au sein d’une même classe (Apprenti.es et élèves).

Cela va dans le sens des propositions des Régions d’expérimenter le regroupement des lycées professionnels et des CFA.

Ainsi, nous attendons les annonces du gouvernement qui semblent s’orienter vers le transfert de l’intégralité de la compétence de la formation professionnelle aux régions tout en redonnant au patronat l’intégralité des droits sur la définitions des diplômes, leur contenu et des parcours de formation.

Caesar (Cal Saint Denis)

 
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