Entretien

Henriette Dahan Kalev (anticolonialiste israélienne) : « Israël n’est qu’une partie du corps capitaliste qui écrase les espoirs de paix »




Henriette Dahan Kalev, aujourd’hui retraitée, a fondé le
cursus des études sur le genre de l’université Ben Gurion
en Israël. Militante pour la paix, féministe, elle s’est
engagée aux côtés des Bédouines du Sud. Elle met en
lumière le biais raciste du sionisme et sa corrélation
avec les clivages de classe.

Alternative libertaire : Peut-on commencer par revenir sur ton parcours ? Travail universitaire, luttes communiste, féministe, antiraciste, pour la paix : comment tout cela s’articule-t-il ? Dans You’re so pretty – you don’t look Morrocan [1] tu racontes comment tu essayais de devenir une bonne petite Ashkénaze, d’effacer ton arabité pour te conformer au modèle européen dominant prôné par l’école en Israël. Sur la tombe de Ben Gurion, tu l’as cité : « Nous ne voulons pas que les Israéliens deviennent des Arabes. Nous avons le devoir de combattre l’esprit du Levant qui corrompt les individus et les sociétés, et de préserver les valeurs juives authentiques, tel qu’elles ont été cristallisées par la Diaspora. », ce qui fait de lui un colonisateur ordinaire, quoique sincèrement socialiste …

Henriette Dahan Kalev : Je ne suis jamais sure de ce qui a fait de moi une militante : la curiosité envers le monde ou les circonstances de la vie ? C’était dur à la maison. C’était compliqué aussi avec l’école. J’ai mis longtemps à prendre conscience du biais raciste originel. Je suis née au Maroc, nous sommes arrivés en Israël en 1949. Dans les écoles, il n’y avait pas d’histoire des Juifs arabes. Mais j’ai très vite compris que la vie n’était pas rose ! Ma mère travaillait dur, mon père n’était pas avec nous. Très tôt, j’ai dû travailler pour soutenir la famille. Après, j’ai fait des tas de boulots alors que mes copines allaient à l’université. J’étais en colère, avec mes parents, avec le monde détruit. Toute cette injustice a nourri l’énergie de la colère en moi.

AL : Une parfaite base d’injustice intersectionnelle !

Henriette Dahan Kalev : Oui ! C’est le fond émotionnel du militantisme. En grandissant, j’ai commencé à me développer intellectuellement, à essayer de comprendre. Et moins je comprenais, plus je voulais m’engager ! Au lycée, j’ai d’abord rejoint un mouvement de jeunes pour aider les pauvres à Jérusalem. Puis il y a eu les trois ans de service militaire obligatoire. A 24 ans je suis devenue une « camarade » pour la première fois avec le RAFI, le parti des travailleurs, un parti formé contre le Mapaï, très corrompu. Le RAFI a gagné et moi, très vite, j’ai compris comment marchait le pouvoir à l’intérieur des organisations. Donc l’activisme partisan, c’était pas pour moi, je voulais pas être mêlée à des trucs corrompus.

C’est finalement dans le groupe communiste Campus, à la fac, que j’ai compris : on s’inspirait du 68 français et du mouvement pour les droits civiques aux USA. Huit ans après l’assassinat de Martin Luther King, en Israël les inégalités entre les riches et les pauvres étaient énormes ; on voulait les combattre en faisant descendre les gens dans la rue. Mais le mouvement était vide car aveugle à l’inégalité entre Juifs ashkénazes et mizrahim. [2] Je suis née au Maroc, c’est pour ça que j’étais sensible aux injustices contre les populations pauvres, celles des périphéries des villes. J’ai essayé d’appuyer cette question.

Après 1967, l’écart entre Palestiniens et Israéliens s’était aggravé. La société était vraiment brisée, le grand rêve sioniste de l’unification des Juifs, effondré. Les gens étaient déçus, ils n’attendaient plus rien. Un boulevard pour la conquête capitaliste. Dans les années 1980, l’inflation bloquait toute possibilité de progression pour les gens, l’Etat était fort et la population, faible. Les politiciens se sont mêlés aux capitalistes, ils ont privatisé. Dans ma vie, dans celle de ma famille, ça avait une vraie résonance. Je m’identifiais à la population arabe, avec l’injustice qu’elle subissait en Israël. Je travaillais dans les territoires occupés, j’ai vu l’oppression là où on avait construit des endroits juifs chez les Palestiniens. Et vers 1985/90, je me suis encore radicalisée : j’ai rejoint l’Alternative Information Centre. [3]

En 1987, débute le processus d’Oslo avec la première intifada. Je terminais ma thèse [4], et mon mariage aussi ! Mais en 1993, on était remonté, on est au sommet des négociations d’Oslo : on était à fond, on pensait que la paix arrivait. J’avais rejoint le groupe féministe Palestine-Israël Jerusalem Link, il y avait des palestiniennes, des étudiantes gauchistes, des femmes de la société civile, on était en lien avec des mouvements de femmes partout en Europe, au Maghreb, on soutenait la création de petits business de femmes très pauvres. J’étais optimiste. Ça avançait, jusqu’à l’assassinat de Rabbin en novembre 1995. Tout s’est effondré et toute la gauche est entrée en dépression. Pendant un an, je n’ai rien fait. Et puis j’ai rejoint le Keshet (Arc-en-ciel) et B’tselem [5] car il n’y avait rien d’autre à faire. Jusqu’en 2000, j’étais beaucoup dans les territoires occupés, à Hébron, à Ramallah, je relevais les atteintes aux droits de l’homme, j’élaborais des plans de lutte contre les injustices faites aux femmes des populations pauvres, les Bédouines. J’ai commencé à inviter des gens pour visiter les territoires occupés, pour renforcer la lutte au niveau international. J’œuvrais aussi comme une lobbyiste pour influencer les gens des media, des administrations, les avocats, les juges… On a commencé à parler d’un pays pour deux nations, à reconstruire un nouvel espoir. Et il y a encore eu un désastre : 2001, c’est la deuxième Intifada.

J’ai continué avec B’tselem et le Keshet. Mais j’étais aussi très engagée à l’université à Beersheba [6] et donc j’ai commencé à m’investir dans des actions pertinentes pour les populations du Sud. Pour les Bédouins, totalement privés de leurs droits. J’ai conseillé de faire de l’éducation partagée palestinienne-juive. Deux de mes étudiantes ont d’ailleurs créé une école bilingue qui démarre dès la maternelle. Cette école existe toujours. Elle s’appelle Hagar, du nom de la deuxième femme d’Abraham, l’esclave qui lui a donné un fils alors que Sarah était stérile.

AL : Parfois tu dis les Bédouins, parfois, les Palestiniens : c’est pareil ?

Henriette Dahan Kalev : Oui, mais les Bédouins sont les populations du Sud, ce sont les plus pauvres des Palestiniens en Israël. Il y avait 100.000 bédouins en 2000. Certains ont signé un accord avec Israël, une reconnaissance d’Israël, qui du coup assure le raccordement des villages aux infrastructures, à l’eau, à l’énergie. D’autres refusent de signer et vivent dans la plus grande misère. Avec en plus la question de l’installation de bases militaires dans le désert, ce qui empêche la libre circulation. Tu vois, le parcours est celui des drames, des guerres.

En 2006, nouvel effondrement avec la deuxième guerre du Liban. Israël ferme toutes les frontières, avec Gaza, le Liban. Je venais de devenir directrice de B’tselem mais c’était impossible de récolter les informations à la base puisqu’il n’y avait plus que le téléphone et internet. Pour moi, c’était fondamental de voyager dans les territoires occupés. Militer en bavardant dans des réunions ou des rapports, ça ne m’intéressait pas, alors je suis partie.

Entretemps, à l’université de Beersheba, j’avais pris la responsabilité de construire le programme sur le genre. J’ai mis toute mon énergie là. Et en 2008, on a coupé le ruban ! C’était un vrai combat personnel. Enseigner le genre, ce n’est pas qu’enseigner, c’est parler des droits des femmes dans le sens des droits humains, c’est comprendre la politique dans les enjeux des rapports entre les hommes et les femmes. J’avançais presque seule : pour le genre, il y avait très peu de soutien. Je
devais convaincre des personnes qui n’y connaissaient rien. Mais finalement, on a réussi à créer une commission forte ! Tout ça jusqu’à la retraite en 2015…

AL : Ton parcours interpelle le croisement des luttes, comme celui de la jeune Angela Davis, militante marxiste aspirée par la lutte de libération des Noirs… et nous en France, face au racisme de la police, de l’État.

Henriette Dahan Kalev : L’idée qu’on avait du féminisme était celle de Simone de Beauvoir : un grand espoir ! L’idée que, quand les femmes s’organisent, elles peuvent se libérer et cesser d’être l’esclave de la famille et devenir maître d’elle-même. Mais j’ai découvert que dans les organisations, les clivages étaient tabous, cachés sous le politiquement correct… On faisait les petites mains et les tâches valorisantes étaient dues aux autres. Peu à peu les Mizrahim se sont organisées pour demander l’égalité, il y a eu un énorme conflit qui a fini par une rupture. On a créé un nouveau mouvement basé sur les questions des femmes orientales. Exactement comme Angela Davis ! Ce programme féministe n’est pas le même : ce qui s’imposait alors, c’était la prise en charge des enfants, l’accès aux études de base, au travail. Pour les Ashkénazes, c’était la carrière professionnelle de col blanc. La leçon de tout ça, c’est que la sororité est une illusion, l’unification de toutes les femmes, un fantasme. Les femmes doivent s’organiser sur leur intérêt. Il y a des différences de classe entre les féministes. S’organiser autour d’une idée forte de base, c’est mieux qu’un grand plan large qui veut tout englober.

AL : Le clivage raciste originel est-il aussi la cause de l’échec politique plus général du projet sioniste ?

Henriette Dahan Kalev : Après la déception de l’échec de l’unification de la nation juive, les électeurs orientaux ont désavoué la gauche. En 1977, la majorité des Mizrahim n’a pas voté pour le parti des ouvriers mais pour le Likoud. [7] Les plus éduqués ont été plus fins et sont restés à gauche. Mais les orientaux sont divisés.

AL : Comme les Ashkénazes…

Henriette Dahan Kalev : Oui. Mais pour les plus pauvres des Mizrahim, la colonisation est la solution à leurs problèmes économiques, de logement, de travail. Le gouvernement très opportuniste les a encouragés à s’établir dans les territoires occupés. Et aujourd’hui, la gauche est en grande crise. Comme en France, non ? Elle a avancé dans une grande hypocrisie, combinant enrichissement et socialisme, construisant des relations non dites avec le capital. Israël est devenu le symbole du libéralisme pour les pays riches de l’Ouest. Une économie très forte, tirée par l’industrie de l’armement : le modèle du combat contre le terrorisme pour les pays occidentaux, riches. C’est une tendance très difficile à contrer quand Trump, par exemple, intervient directement. La question n’est même plus entre la droite et la gauche mais c’est comment arrêter la tentation internationale pour le militarisme et le nationalisme. C’est un problème mondial qui concerne aussi la France, les USA. Israël n’est qu’une partie de ce corps capitaliste sauvage qui écrase tous les espoirs de paix en maintenant la guerre et la peur au centre. Je ne vois pas d’espoir. Ni pour Israël, ni pour l’Ouest.

AL : Le militarisme donne la direction politique…

Henriette Dahan Kalev : Oui. Dans l’histoire d’Israël, le service militaire est obligatoire mais c’est aussi une idéologie coincée entre le traumatisme de l’holocauste et la peur d’être entouré d’ennemis. Cela nourrit l’idée qu’Israël n’a pas le choix, ne peut pas se permettre le luxe de supprimer le service militaire, même si dans la réalité, ce n’est pas vrai. Tous les pays arabes ne veulent pas écraser Israël qui en plus est un pays fort. Mais c’est la base de l’identité israélienne. Changer cette vision, c’est faire un pas très radical.

AL : Que penses-tu du « nouvel antisémitisme » ?

Henriette Dahan Kalev : Je viens de lire l’article d’Étienne Balibar qui parle de néo-racisme. En un sens, il a raison, il y a un antisémitisme lié à Israël, un pays qui écrase les Palestiniens de Gaza, un pays militaire, fort : une bonne raison pour nourrir un néo antisémitisme. C’est un racisme musulman, pas fasciste.

AL : Toutefois, ce qui frappe en Israël autant qu’en France actuellement, c’est le besoin profond de protection contre l’antisémitisme qui n’est pas du tout déconnecté de l’histoire. Je le vois et l’entends chez toutes mes amies, même toi, qui sont toutes des vraies gauchistes pourtant. En France, il y a des Juifs qui luttent pour la paix, qui pensent qu’on ne doit plus parler d’antisémitisme. Je crois au contraire qu’on doit parler de la réalité pour pouvoir aussi mener une lutte forte à la fois pour les Palestiniens et contre les fascistes.

Henriette Dahan Kalev : Oui je suis d’accord avec toi. Mais il faut observer la relativité. L’antisémitisme est une raison pour justifier la politique du gouvernement ; le gouvernement dit que ça grandit : regardez à Paris, regardez à Marseille ! Dans un pays très fort comme Israël, la peur de l’antisémitisme doit passer au second plan, même par rapport à la France ou à l’Angleterre. J’ai repensé à notre discussion sur la nation qui serait nécessairement perverse. Pour les Palestiniens, l’idée d’avoir une nation est vitale mais ce n’est pas vital pour les Français qui sont déjà forts dans leurs droits. La nation c’est aussi un espoir de se réaliser quand on est faible. Une fois qu’on grandit, il faut savoir l’abandonner.

AL : Où en est la solution à un État ?

Henriette Dahan Kalev : Avant j’avais cet espoir mais ça ne marchera pas. On en est à la troisième génération de haine, de soldats qui tuent des Palestiniens ou de terroristes qui tuent des Juifs. Il faudrait des dizaines d’écoles mixtes pour éduquer tous les enfants dans l’idée que c’est possible. L’autre impasse est la démographie : dans 20 ans, le déséquilibre ne garantira pas l’avenir des Juifs donc dans le climat de haine, c’est un véritable problème. A court terme, il faut se séparer. Mais à horizon de 20 ans, une génération, on peut l’imaginer. J’ai 71 ans, je ne suis pas certaine de le voir.

AL : Et le boycott, qu’en penses-tu ?

Henriette Dahan Kalev : Des gens comme moi, qui luttent pour la paix ?! Si je pouvais dire que le boycott aide le processus de paix ou à réduire le terrorisme, je serais pour. Mais dans les faits, ça nous affaiblit plutôt que nous renforce… Pour donner des droits égaux, ça ne marche pas, ce n’est pas utile.

AL : Peut-on arriver à quelque chose ?

Henriette Dahan Kalev : La paix, c’est un processus pas à pas, comme le féminisme. On prend un problème et on le traite. Tout de suite, il faut garantir les droits fondamentaux des Palestiniens. Avant, quand j’étais à B’tselem, je croyais qu’en demandant aux puissants, on pouvait les convaincre de faire pression sur les Israéliens. Je n’y crois plus. La seule chose qui importe est de faire le maximum pour arrêter la tragédie du peuple palestinien à Gaza. En Cisjordanie, depuis 3 ans il y a un développement. Il y a encore des attentats appuyés par le Hamas mais la population préfère la prospérité économique. C’est la preuve qu’on peut agir. Pas par le BDS [8] ; pas par l’antisémitisme ; mais en soutenant le gouvernement de Gaza dans sa capacité à investir dans l’éducation, les droits de l’homme, les aménagements. Il faut faire reculer le poids du terrorisme à l’intérieur même de la société. Et on n’obtiendra pas de solution sans s’engager au fond car c’est le coin le plus peuplé du monde. Il faut étudier les solutions technologiques : on parle de construire une île sur la mer, d’ouvrir un tunnel pour relier les territoires. On peut aménager le désert pour que les Juifs des colonies quittent la Cisjordanie. Ils ne seront pas contents mais on n’a pas de choix. Pour réaliser cela, il faut le vouloir.

Des soldats israéliens observent une manifestation palestinienne pour le droit au retour, dans la bande de Gaza, en avril 2018.

AL : Tu penses quoi, du sionisme ?

Henriette Dahan Kalev : Je suis critique. Le sionisme a réussi à recueillir les Juifs du monde entier après l’holocauste et à établir Israël mais on n’a pas besoin du sionisme dans un sens national. On a construit un pays de liberté et de droits, maintenant on doit s’efforcer de ne pas coller aux idées nationalistes. Israël est assez fort pour pouvoir abandonner l’idée sioniste. Mais beaucoup de droitiers pensent que sans le sionisme, Israël sera perdu. Je crois que ça va jusqu’au fascisme.

AL : Comme Zeev Sternhell qui dit que le gouvernement israélien mène une politique pré-nazie ?

Henriette Dahan Kalev : Après la guerre de 67, on n’a pas bien compris que la tentation sioniste allait tomber dans la trappe fasciste. Parler de Grand Israël, d’élargir le territoire, de conquérir la Palestine pour réaliser le grand pays des Juifs : c’est du fascisme classique. C’est ancré dans les racines religieuses autant que dans le nationalisme juif : ça fait peur.

AL : En France, on a l’impression que la critique est censurée en Israël.

Henriette Dahan Kalev : Le gouvernement est de droite, militariste, donc quand Netanyahou parle tous les jours de la menace iranienne, ce n’est pas seulement pour la menace réelle, c’est le lavage de cerveau nécessaire à sa politique. C’est en ce sens que fonctionne la censure mais sur ce point, je suis plus optimiste : la liberté d’expression est très protégée en Israël. Le régime est démocratique, c’est la population qui ne l’est pas : elle n’a pas l’habitude de sortir dans la rue et donc la manipulation est facile.

AL : En contraste avec tout ça, à Tel Aviv, on ressent une très grande liberté et une forme de soulagement d’échapper à toutes les oppressions du monde, dont l’antisémitisme.

Henriette Dahan Kalev : Oui, la vie y est très légère, très libre, ça a beaucoup à faire avec la vie lourde : on ne peut pas vivre tout le temps dans la peur, le combat, etc.. Laissez-nous vivre un peu car on ne peut pas vivre tous les jours dans la peur ! Les gens ont peur que demain éclate la guerre d’extermination donc carpe diem !

AL : Comment conclure ?

Henriette Dahan Kalev : Je t’ai parlé de mon parcours depuis mes 20 ans, 25 ans jusqu’à aujourd’hui 71… malheureusement, chaque fois que je développe un espoir, une crise majeure explose. Il ne faut pas perdre espoir mais mon expérience personnelle me fait mal. J’ai un fils, je ne sais pas ce que je vais lui laisser, je suis triste de parler de l’avenir, de cette impasse. L’espoir est peut-être d’ouvrir le monde entier. Passer d’un pays à l’autre sans frontière. On ouvre Gaza, on ouvre les territoires occupés, et on verra ce qu’il se passe. Sans négociation, sans contrat, on arrête tout ça. Simplement laisser les gens réaliser leurs rêves, leurs vies. C’est une vision pragmatique.

AL : C’est une très belle idée !

Henriette Dahan Kalev : La vie est faite de contraste, de complexité, les gens veulent vivre mais quand la situation est folle tout devient tragique. Ce serait bien de voir des gens prendre cette idée pour la réaliser…

Entretien réalisé par Valérie (AL Paris nord-est) à Beersheba le 24 mai, et complété via Skype.

[1Tu es si jolie, tu n’as pas l’air marocaine, 2001.

[2Mizrahi, Mizrahim au pluriel, « oriental » en hébreu, désigne les migrantes venus du Proche-Orient. Les militantes israéliennes préfèrent ce terme plus politique, à celui de séfarade.

[3L’AIC est l’une des tout premières ONG israélo-palestiniennes. Elle lutte pour l’égalité entre Palestiniens et Israéliens et pour l’application du droit pour les Palestiniennes. Elle fournit un important travail d’information et d’analyse – alternative - sur la situation dans les Territoires palestiniens et en Israël.

[4La Lutte politique des Black Panthers en Israël, 1991, Université hébraïque, Jérusalem.

[5B’Tselem est une ONG israélienne qui se présente comme le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés.

[6Beersheba est au sud, aux portes du désert du Néguev.

[7Droite.

[8Boycott, désinvestissement et sanctions : campagne internationale dont Alternative libertaire est membre, qui vise notamment au boycott des intérêts économiques israéliens : www.bdsfrance.org (note de la CJ d’AL)

 
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