Lire : Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Lakhéchéne, Joseph Ponthus, Riadh et Alexandre Philibert « Nous... la cité »




L’histoire de ce livre part d’une envie. Celle d’un éducateur de rue de banlieue parisienne d’écrire des chroniques sur la vie d’une cité, avec les jeunes qu’il côtoie dans son travail. L’idée est d’abord de mettre en place un atelier d’écriture où, pour une fois, ce sont les intéressés qui s’expriment et non pas des gens qui parlent de leur vie à leur place. Ce travail avait pour but, dans un premier temps, d’écrire un article pour le Canard Enchainé consacré aux relations entre les jeunes et les flics. Le projet prend et l’article se réalise. Le goût de l’écriture, de mettre des mots sur des choses vécues se fait alors sentir. Par ses relations dans le monde de l’édition, Joseph Ponthus (également contributeur du journal Article 11), propose alors la rédaction d’un livre sur tout les pans de la vie de ces jeunes : l’école, les formations, la religion, la police, la justice, la prison, le deal et les actes de délinquance, les galères, les moments de joies et de tristesses partagées...

Le récit, écrit sous la forme d’un journal, narré par l’éducateur et entrecoupé de textes écrits par les jeunes, est fluide et rend bien compte du rythme de la mise en place du projet, tout en racontant les moments de vie annexes du quartier pendant l’écriture du livre. Il met aussi le métier d’éducateur de rue en avant et peut interroger sur la présence des travailleurs sociaux et de leur rôle : les éducs sont-ils là pour assurer la paix sociale, arrondir les angles ou bien accompagner ces personnes vers l’autonomie et l’émancipation ? Vaste débat.

Plus qu’un témoignage, ce livre est une compilation de moments de vie de jeunes d’un quartier populaire. Le lieu n’est initialement pas précisé car finalement, ce quotidien pourrait être calqué sur celui de nombreuses villes où, lassés des stigmatisations de l’État et du système économique, de l’oppression policières quotidiennes, les gens vivent, se débrouillent et s’organisent entre eux.

Loin de l’image que les médias ou les politiciennes et politiciens relaient des quartiers populaires, ce livre casse de nombreux clichés et décrit de manière simple et sans langue de bois un quotidien de violences subies ou commises.

Cet ouvrage, engagé tout en se gardant de tout rattachement militant et partisan, ouvre une réflexion sur les pratiques militantes et les discours envers les habitants des quartiers populaires, où les actes de solidarité et une présence plus significative seraient surement plus judicieux qu’une propagande ponctuelle, voire souvent inexistante de la part des militants politiques.

Vincent (AL Paris Nord-Est)

• Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Lakhéchéne, Joseph Ponthus, Riadh, Alexandre Philibert, Nous... la cité, Zones, 2012, 250 pages,15euros.

 
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