Syndicalisme

Éducation : les AED ne veulent plus être pris pour des pions




Encore un secteur qui craque sous le poids des obligations sanitaires dues au Covid. En sous-effectif, mal payées, mal considérées, privées de la dimension pédagogique de leur métier, privées de prime Covid, les assistantes et assistants d’éducation crient leur ras-le-bol.

Le 1er décembre, une cinquantaine de personnes ont manifesté devant le rectorat d’Amiens. Une scène très habituelle, tant l’Éducation nationale est un secteur sinistré et nombreuses les raisons de lutter. Mais la banderole détonnait : « Précaires de l’éducation, unissons-nous ». Ce jour-là c’était les assistantes et assistants d’éducation (AED) qui protestaient.

Créé en 2003, le statut d’AED a remplacé celui de surveillante, mais les AED sont toujours considérées comme des « pions ». Alors que, sur le papier, la mission devait être davantage d’accompagnement pédagogique, dans la réalité les AED font surtout de la surveillance, devenant le premier échelon répressif. La crise sanitaire nous a mis en première ligne (à la cantine, à l’internat…), et a augmenté la charge de travail et nous ne sommes pas, ou rarement, consultées sur la mise en place des protocoles.

C’est à cause de ce manque de reconnaissance que le collectif AED des Bouches-du-Rhône a proposé cette grève nationale le 1er décembre. C’était la première depuis la création du statut ! Et ce fut une réussite, car de nombreux collèges et lycées ont été touchés dans le pays, souvent avec 100 % de grévistes, entraînant des fermetures de vie scolaire et des internats. L’impression d’être des « pions » a clairement motivé les débrayages.

Dans ce mouvement, la question de la reconnaissance est centrale. On réclame le droit aux primes Rep et Covid, dont les AED sont exclues. Est aussi posée la question d’un nouveau statut avec un recrutement au niveau des rectorats et, surtout, la possibilité de titularisation pour ceux et celles qui le souhaiteraient, pour prendre en compte l’ancienneté dans les salaires.

Une auto-organisation poussive

Nous demandons également la prise en compte des acquis de l’expérience et l’ouverture de droits de formation. La reconnaissance passe également par l’augmentation des salaires, actuellement au Smic. Enfin, les AED en lutte demandent la création immédiate de postes supplémentaires face à la crise du Covid, et pérennes pour donner du sens à notre travail. Afin d’être moins « assistantes » et plus « d’éducation ».

La grève s’est construite a été auto-organisée par les collectifs d’AED. Les syndicats ont assuré un soutien logistique : SUD a sorti du matériel, la CGT et la CNT ont été présentes quand il y avait des AED dans leurs rangs. Mais il est difficile de s’organiser durablement. Une coordination nationale se met en place à tâtons. Les infos circulent mal et passent surtout par des vies scolaires appelant les collèges et lycées de leur département.

La seconde grève nationale, le 19 janvier, a enregistré des taux de participation analogues au 1er décembre. Les AG tenues ont peu reconduit la grève. La journée de mobilisation du 26 janvier dans toute l’Éducation nationale aura été un nouveau temps fort pour faire entendre la voix des AED.

Gabriel (UCL Amiens)

 
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