Syndicalisme

Distribution de la presse : A Marseille, relance grâce aux ex-salarié.es en lutte




Mais non la distribution des journaux n’est pas « sabotée par la CGT »… Elle l’est par le patronat. Et elle a repris en septembre grâce à la ténacité des ex-salariées de la SAD qui n’ont pas baissé les bras.

La faillite de Presstalis, principal distributeur de presse en France, a eu des répercussions violentes. Au mois de mai, une de ses filiales, la Société d’agences et de diffusion (SAD), distribuant la presse sur les régions lyonnaise et marseillaise, a été liquidée, mettant au chômage 512 salariées.

La SAD Marseille, c’était 136 salariées, plus une trentaine d’intérimaires et une cinquantaine de chauffeuses et chauffeurs. Dès l’annonce de la liquidation, les salariées s’étaient mobilisées. En vain : au bout de quatre jours de grève, toutes et tous étaient licenciées. Coup de massue. Que faire ? Une soixantaine d’ex-salariées ont décidé de maintenir l’occupation du dépôt et de chercher collectivement une solution.

Durant tout l’été, les locaux occupés de la SAD Marseille ont été un espace de lutte et de convivialité.
cc UL-CGT Marseille

Des tours de gardes ont été mis en place sur le dépôt 24 heures sur 24, puis la vie s’est organisée sur site. Des tables ont été installées dans le préau, ainsi qu’une petite piscine gonflable pour les enfants, une table de ping-pong, un jeu de boules… Des stocks de nourriture et d’eau ont été constitués, et les douches et locaux réorganisés pour s’inscrire dans la durée.

Un espace de solidarité durant tout l’été

Les ex-salariées ont monté une régie temporaire.
cc Cuervo/UCL Marseille

L’endroit a été, tout l’été, un espace de solidarité qui a reçu des visites quotidiennes : du voisinage, des syndiquées CGT, des militantes, mais aussi des élues PCF qui ont facilité la gestion quotidienne de l’occupation.

L’interruption brutale de la distribution de journaux a cependant semé la confusion dans l’esprit d’une partie de la population, qui a cru qu’elle était due à la grève… Or les ex-salariées ne pouvaient pas être en grève ! Ils étaient au chômage, parce que la boîte était liquidée sans poursuite d’activité, les pouvoirs publics s’étant complètement désintéressés du maintien de cette forme de service public ! Les réactionnaires en ont d’ailleurs profité pour faire circuler des rumeurs de sabotage et de dégradation des locaux. « Tout cela a fait peser un climat de défiance vis-à-vis des ex-salariées de la SAD, peste Nicolas Guglielmacci délégué syndical. Difficile de chercher des partenaires et des financements pour relancer l’activité sous forme de Scic, lorsqu’on vous fait passer pour une bande de casseurs… Ça a pollué nos discussions avec les pouvoirs publics et la couverture par les médias. » Même le quotidien La Provence a participé à cette rumeur d’un blocage de la distribution par la CGT…

Le 24 septembre, enfin, grâce aux efforts des salariées qui n’ont pas baissé les bras, la distribution a pu reprendre, de façon limitée, sous la forme d’une régie temporaire négociée avec les messageries.

La régie temporaire permet une distribution de la presse a minima.
cc Cuervo/UCL Marseille

C’est en soi positif, sauf que le redémarrage s’est fait avec un niveau de couverture très inférieur : seuls 400 points de vente approvisionnés sur la zone de Marseille, et d’autres autour de la métropole et sur une partie du Var. Résultat, seules 38 ex-salariées ont pu reprendre le boulot...

L’ambition est de parvenir à 55-60 sur le site, avec la société coopérative d’intérêt collectif (Scic [1]) qui prendra bientôt son envol.

Anthony (UCL Marseille)

[1Une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) associe obligatoirement autour d’un projet des acteurs salariés, des acteurs bénéficiaires (clients, usagers, riverains, fournisseurs...) et des contributeurs (associations, collectivités, sociétés, bénévoles) pour produire des biens ou des services d’intérêt collectif au profit d’un territoire ou d’une filière d’activités.

 
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