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Lire : Kobayashi, « Le 15 mars 1928 »




Les éditions Amsterdam ont réédité cette année le premier roman de Kobayashi. Le 15 mars 1928 est un court roman avec des personnages de fiction mais qui fait figure de documentaire tant l’auteur a le souci de témoigner des événements auxquels il assiste.

Peut-être avez vous déjà lu Le Bateau-usine de Takiji Kobayashi  ? Écrit en 1929 et réédité en 2008, il est depuis devenu un vrai best-seller au point de donner naissance à l’expression kanikôsen (faire bateau-usine) pour qualifier le travail précaire au japon  !

Les éditions Amsterdam ont réédité cette année le premier roman de Kobayashi, Le 15 mars 1928. Et celui-ci est tout aussi incontournable. Comme Le Bateau-usine, Le 15 mars 1928 est un court roman avec des personnages de fiction mais qui fait figure de documentaire tant l’auteur a le souci de témoigner des événements auxquels il assiste.

Ce fameux 15 mars 1928, les militants communistes et socialistes connaissent une vague d’arrestation sans précédent. L’influence du Parti communiste, alors clandestin, est grandissante, notamment dans les syndicats. Le ministre de l’Intérieur japonais Giichi Tanaka craignant une tentative d’insurrection, prend les devants en lançant une opération de police «  préventive  » conduisant à l’arrestation de plus de 1 600 militantes ou sympathisantes communistes et socialistes. Environ 500 serons ensuite jugées et condamnées à de lourdes peines.

Dans la petite ville d’Otaru à Hokkaïdo (la grande île septentrionale du Japon) où, à ce moment, vit Kobayashi, la rafle est particulièrement importante. L’auteur nous présente, en toute simplicité, une poignée de militants aux profils et caractères variés. Militants au masculin, car il n’y a que des hommes. Le rapport à leurs compagnes, au second plan, montre le sexisme du mouvement ouvrier d’alors.

Une vague d’arrestations sans précédent

Ces militants ont leurs travers, leurs difficultés et leurs doutes mais ils ont une force impressionnante. Une force nourrie par des idées solides, un espoir inébranlable en l’avenir, et une conception du collectif impressionnante. Au-delà de la dureté des conditions de vie et de la barbarie policière, pourtant racontée sans pathos ni lyrisme, c’est la force mentale de ces militants qui nous donne une claque.

Comme bien des récits des révolutionnaires du siècle passé, ce petit roman de Kobayashi nous invite à relativiser nos difficultés actuelles, aussi réelles qu’elles soient. Un texte dur mais puissant, qui insuffle force et volonté. En refermant ce livre, nous vient l’envie de prendre une grande respiration et de retourner plus fort à nos tâches militantes. Près d’un siècle plus tard, faire s’unir les travailleurs et travailleuses de tous les pays reste d’une d’actualité brûlante.

Cinq ans après l’écriture du 15 mars 1928, Takiji Kobayashi sera lui-même arrêté. Il finira par succomber à la torture, sous les coups de la police.

Benjamin (UCL Nantes)

Takiji Kobayashi, Le 15 mars 1928, Amsterdam, 128 pages, 12 euros.
 
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