Aveyron : Robocops et blindés contre les zadistes




Après une longue séquence d’un an d’escarmouches, l’État a décidé de militariser la commune libre de l’Amassada le 8 octobre dernier. Si la destruction des bâtiments de la zone s’est faite en une journée, la lutte reste vive contre ce projet d’éoliennes industrielles.

L’État s’est donc de nouveau distingué par sa démocratie et son pouvoir de négociation en envoyant 150 gendarmes mobiles en armure, 2 blindés, 1 hélicoptère… sur la plaine de Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron). Ce n’était pas une surprise. La préfète en charge du dossier, parachutée par Macron pour cela, vient du cercle des bidasses. Pour l’occasion, elle a donc lâché ses mondanités pour faire sa première sortie de terrain à l’Amassada. C’est ce qu’on doit appeler le «  lien territorial  » et la concertation. Ce jour-là, la préfète a fait des selfies devant la destruction du lieu et pris directement en charge la propagande en tweetant  : « Les occupants illégaux sont une trentaine sur site. Toute autre information est erronée. » [1].

En fait d’une trentaine, c’est plus d’une centaine d’opposantes qui se sont mobilisées et qui ont défendu le lieu pendant plus de sept heures. C’est aussi tout un village qui refuse ce projet depuis maintenant dix ans, et qui soutient l’occupation. Ces habitantes ont participé à la destruction des documents et de la maquette de l’enquête publique pour marquer leur désaccord, puis ont témoigné au « tribunal de l’Amassada » qui a expulsé la juge d’expulsion… Le 8 octobre 2019, la militarisation ne visait pas qu’à détruire les locaux de l’occupation, mais aussi à faire peur à la population et donc à minimiser voire ignorer leur opposition. D’ailleurs pas un mot dans la propagande de la préfète sur la population.

Dans les jours qui ont suivi, quatre opposantes ont été raflées et déférées devant le juge des «  libertés  » du tribunal de Rodez. Ils et elles auront un procès le 11 mars pour diverses accusations du genre « association de malfaiteurs » et sont actuellement sous contrôle judiciaire et interdiction de territoire à Saint-Victor [1].

Militarisation tous azimuts

La militarisation et la destruction des terres agricoles pour offrir des crédits carbone aux grandes entreprises pollueuses ne sont pas des cas isolés dans le domaine énergétique. Le déploiement de la violence d’État reste incomparable lorsqu’il s’agit du nucléaire, comme sur le site de Bure, ou anciennement celui de Plogoff par exemple. La manière dont l’État entend relancer la filière nucléaire (voir l’article ci-dessus) annonce une confrontation inévitable. Une chose est sûre, c’est que le développement des énergies conventionnelles ne sera pas supplanté par les renouvelables, elles font partie d’un même plan dans le cadre du capitalisme vert. Ni conventionnel ni renouvelable industriel, d’autres mondes sont à construire.

D’ores et déjà, l’Amassada appelle à un week-end de résistance les 1er, 2 et 3 novembre pour « reprendre la Plaine ».

Reinette noyée (UCL Aveyron)

[1« Nous reprendrons la Plaine » publié sur le blog de l’Amassada.

 
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