Antipatriarcat

Comprendre les transitions de genre : Les traitements hormonaux de substitution




Les luttes trans sont encore méconnues du public et même du milieu militant. Par une série d’articles dédiés, Alternative Libertaire compte aider à remédier à cette situation. Pour ce premier, on va parler des Traitements Hormonaux de Substitution (THS).

Dans le cadre d’une transition de genre, un traitement hormonal de subtitution (THS) consiste à modifier les hormones sexuelles dominantes du corps afin de modifier certaines caractéristiques sexuelles secondaires. Parmi les effets les plus visibles, un THS masculinisant (THS-M) provoquera une mue de la voix et une pilosité étendue ; un THS féminisant (THS-F) provoquera la pousse des seins ; les deux provoqueront sur le long terme une redistribution des graisses. La plupart des effets sont réversibles, certains par arrêt du traitement et d’autres via procédures médicales. Pour conserver tous ses effets, un THS doit être pris à vie.

20 % de dépressions en moins

Les traitements hormonaux constituent souvent la première étape d’une transition médicale, et se suffisent à eux-mêmes pour une partie de la population trans. Leur efficacité est sans appel : 20% de dépressions en moins, chez une population touchée à 75% par cette maladie et dont une sur deux a déjà tenté de se suicider (contre respectivement 5% et une sur quatorze dans la population générale) [1].

Pourtant, aucune autorisation de mise sur le marché (AMM) n’existe en France pour un usage des THS dans le cadre de transitions. Les personnes trans doivent donc utiliser les traitements conçus pour les personnes cisgenres. Côté THS-M, seules les injections sont facilement accessibles, convenables en termes de dosage mais laissant peu de choix sur la forme. Côté THS-F, les traitements disponibles sont conçus pour les femmes cisgenres ménopausées et leur dosage est bien trop faible ; tous ont des inconvénients, nécessitent des anti-androgènes aux effets secondaires néfastes, et certains sont régulièrement en pénurie. Il n’est pas rare chez les femmes trans de se procurer des œstrogènes injectables hors des circuits officiels et non remboursés. Et ne parlons pas de la progestérone prévue pour être prise par voie vaginale.

Les lois transphobes que l’on voit fleurir à l’international privent les personnes trans de leur traitement. Cela est dévastateur : un arrêt forcé de THS est extrêmement traumatisant. Imaginez voir votre corps se changer lentement vers une forme qui vous répugne… Et pour les personnes ne produisant plus d’hormones naturellement suite à des chirurgies, ce sont de graves soucis de santé qui les attendent.

Chloé (UCL Grenoble)

[1Green A. et al., Association of gender-affirming hormone therapy with depression, thoughts of suicide, and attempted suicide among transgender and nonbinary youth, Journal of Adolescent Health, 70(4), pp. 643-649, 2022.
Strauss P. et al. (2017). Trans Pathways : the mental health experiences and care pathways of trans young people, 2017

 
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