Pleins feux

Italie : Voilà à quoi ressemble l’extrême droite au pouvoir




Moins d’un an après sa nomination à la tête du gouvernement à la suite de la victoire de la coalition droite/ extrême droite aux élections parlementaires italiennes de septembre 2022, un premier bilan de l’action de l’extrême droite se révèle tout à la fois accablant et instructif. À rebours de nombres de discours sur la « normalisation » de l’extrême droite au pouvoir.

À la suite d’une énième crise parlementaire, Mario Draghi, président du Conseil des ministres, présentait sa démission le 21 juillet dernier provoquant la tenue d’élections parlementaires anticipées devant se tenir au mois de septembre 2022.

La coalition dite de centre droit (coalizione di centro-destra), menée par la néofasciste Giorgia Meloni, leader du parti Fratelli d’Italia, arrive en tête des suffrages avec plus de 43 % des suffrages loin devant la coalition de « centre-gauche ».

Cette victoire attendue, et espérée par les milieux économiques  [1], ouvrait la voie à la nomination de Giorgia Meloni à la présidence du Conseil des ministres, cent ans après la Marche sur Rome qui avait vu Mussolini se faire nommer chef du gouvernement en octobre 1922 !

Si dans un premier temps, Meloni a tenté de faire valoir son europhilie auprès de Bruxelles et son soutien à l’Ukraine, à rebours de nombre de partis et leaders d’extrême droite en Europe, les conséquences de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite se font bien sentir.

Une extrême droite libérale-compatible

Les fondamentaux de l’extrême droite sont pourtant tous présents : mesures discriminatoires contre les migrantes et leurs soutiens  [2] ; violence à l’encontre des opposantes ou considérées comme telles par des militants d’extrême droite constitués en milices paramilitaires  [3] ; harcèlement à l’encontre des personnes et des familles ne reproduisant pas le schéma hétéronormé  [4] ; politique économique antisociale  [5].

La très récente « sortie de route » d’un général, suspendu depuis au grand dam des militants de la Lega Nord et de Fratelli d’Italia, qui dénonce dans un livre récemment paru, tour à tour « le lobby gay international » et le « lavage de cerveau » en faveur de « l’élimination de toutes les différences, y compris entre les ethnies, pour ne pas dire entre races ».

Le racisme décomplexé dont il fait preuve n’est pas nouveau, associer immigration et criminalité ou refuser à une athlète noire la légitimité de représenter un pays européen sont monnaie courante ici aussi dans la fachosphère et même dans certains médias aux mains du milliardaire Bolloré. Non, ce qui est caractéristique de la présence de l’extrême droite au pouvoir, c’est l’impunité dont jouissent, au double sens, les auteurs de ces propos et actes racistes, sexistes et homophobes et de mises en danger bien réelles pour les personnes appartenant ou assimilées à ces populations ciblées par cette propagande haineuse.

Dès lors la convergence des luttes sociales, environnementales, féministes, trans et antiracistes n’est pas une lubie postmoderniste, elle n’affaiblit pas la lutte des classes, elle l’enrichit. Parce que l’extrême droite porte un projet de société total et cohérent, opposons-lui un antifascisme total. Face à la montée de l’extrême droite l’antifascisme sera intersectionnel ou ne sera pas.

David (UCL Chambéry)

 
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