Lire R. Mencherini, « Guerre froide, grèves rouges. Les grèves insurrectionnelles de 1947, [...] en France »
Robert Mencherini a consacré aux grèves insurrectionnelles de 1947 un copieux volume. Dans une première partie, intitulée « Autopsie d’une insurrection froide », il résume ces quatre semaines de novembre-décembre qui bouleversèrent la France.
Le mouvement éclata à Marseille le 12 novembre, à propos d’une contestation de l’augmentation du prix des tramways. Quatre militants de la CGT furent arrêtés. S’ensuivit une série d’incidents qui enflammèrent la ville.
Suite au maintien en détention des quatre inculpés, le Palais de justice fut pris d’assaut et en fin de journée, des « nervis » tirèrent sur les manifestantes et manifestants qui s’en prenaient aux boîtes de nuit du quartier chaud. Vincent Voulant, un jeune ouvrier, fut tué. La grève se propagea alors très vite dans la région.
La CGT prit alors l’initiative d’étendre le conflit au niveau national. La grève se généralise à l’ensemble de la métropole, avec la création d’un comité national de grève. Les jours suivants, par solidarité, les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais stoppèrent le travail. Rapidement de nombreuses autres régions industrielles se rejoignirent à elles et eux.
Fin novembre, la situation était incertaine. Ces conflits sociaux de la fin 1947 eurent d’importantes implications politiques entraînant un infléchissement et des débats au sein du PCF. Cette lutte fut ponctuée de nombreux affrontements, parfois violents, et s’acheva le 10 décembre.
La seconde partie du livre traite des discordes et fractures au sein de la CGT qui aboutirent à une scission et à la création de Force Ouvrière.
Cet ouvrage apporte bien des enseignements sur ces grèves ouvrières emmenées par la CGT, dans lesquelles certains ont voulu voir une tentative insurrectionnelle alors que commençait la Guerre froide.
Dominique Sureau (UCL Angers)
