LGBT : Bons baisers de Lyon




Le 18 mai dernier, les forces de l’ordre ont violemment dispersé une manifestation pacifique, organisée par la Lesbian and Gay Pride de Lyon. En revanche, les groupuscules réactionnaires et fascistes n’ont guère été inquiétés.

Environ quatre-cent personnes avaient répondu à l’appel de l’organisation lyonnaise, pour participer à un « kiss-in » contre l’homophobie, sur la place Saint-Jean, en plein cœur de Lyon. Une manifestation parfaitement pacifique, qui entendait véhiculer un message de tolérance. Du reste, la préfecture du Rhône n’avait fait aucun obstacle à la tenue de ce kiss-in, et avait accordé toutes les autorisations nécessaires aux organisateurs.

Mais il en faut peu pour réveiller les craintes maladives des quelques arriérés qui peuplent les rangs de l’extrême droite (lyonnaise en l’occurrence). Le 18 mai, des intégristes catholiques ont ainsi occupé le parvis, pour y vociférer toute la haine que leur inspirent lesbiennes, gays, transsexuels ou bissexuels. Les organisations de l’extrême-droite locale n’ont bien sûr pas manqué d’y apporter leur soutien, du Front national au Mouvement pour la France, en passant par les Jeunes identitaires du groupe Rebeyne. La concurrence est rude, si l’on veut prospérer dans le milieu de la droite radicale.

Prières et saluts nazis

Tout ce petit monde a bien sûr essayé d’empêcher la tenue du kiss-in. Fascistes, crypto fascistes et intégristes ont entonné leurs incantations habituelles, non sans déverser sur les participants et les participantes des tombereaux d’insultes homophobes. Ils ont aussi accumulé les saluts nazis, sous l’oeil mi-impassible, mi-bienveillant, de la police, censée assurer la sécurité.

À aucun moment les forces de l’ordre n’ont tenté d’empêcher les extrémistes d’accéder à la place Saint-Jean, alors même que cette contre-manifestation n’avait pas été autorisée. La préfecture du Rhône aurait dû ordonner la dispersion des intégristes et de leurs amis dès 19h30. Elle ne l’a pas fait. De la sorte, elle a naturellement exposé tous les manifestants présents sur place à subir des pressions homophobes intolérables. Bien pire : vers 21h30, un ordre de dispersion est tombé. CRS et gendarmes mobiles ont aussitôt évacué les militant-e-s LGTB.

Les intégristes pouvaient jubiler. La Lesbian and Gay Pride de Lyon a bien entendu protesté contre cette décision qui, selon les termes de l’association, tend à remettre en question « le respect de la loi et le droit des militants pour l’égalité à manifester pacifiquement sur l’espace public ». Il faut dire qu’à Lyon (comme ailleurs en France et hors de France), la violence de l’extrême-droite s’est dangereusement accentuée.

Les fachos aiment la com’

Depuis, les organisations réactionnaires ont riposté sur un terrain qui leur est désormais familier, celui de la communication. Sur le web, les Identitaires ont fait leurs choux gras de cette manif « cathophobe », durablement traumatisés par cette remise en cause festive de l’ordre hétéronormé.

Quant à la presse régionale, elle ne paraît guère s’émouvoir de ces nazillons en herbe. C’est tout particulièrement le cas des journalistes du Progrès, qui ont complaisamment consacré leur une à ce « choc », comme ils l’appellent, en le comparant à... une soirée entre supporters, « dans une ambiance sacrément surréaliste » et « pour un résultat complètement stérile ». Nicolas Ballet, le mirobolant auteur de ce papier, ne s’arrête pas en si bon chemin. Il est vrai que ses chastes oreilles ont été mises à rude épreuve. La faute aux slogans des militants LGBT, bien sûr : « Assez, assez, de cette société, qui ne respecte pas les trans, les gouines et les pédés ! ». Bref, tout ça vaut bien le folklore d’extrême-droite, directement importé des années trente.

En renvoyant dos-à-dos les uns et les autres, et en faisant de cet affrontement un fait divers, la presse vend davantage et s’épargne les fatigues d’une vraie réflexion sur le sujet. « Match nul », concluait le journaliste du Progrès. Mais le face-à-face tendu entre des réactionnaires et des manifestants LGBT s’apparente-t-il vraiment à un tournoi de football ?

Antony (AL Saint-Chamond)

 
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