Pleins feux

Migration : les frontière tuent, tuons les frontières




Les frontières n’arrêtent pas les pandémies, ni les guerres, ni les délocalisations, parce que les capitalistes les utilisent comme et quand bon leur semble. Seul le prolétariat en souffre.

A en croire la Déclaration universelle des droits de l’homme, «  toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien  ». Considérons que lesdits «  droits de l’homme  » se veulent droits de toutes les personnes humaines, malgré la formulation sexiste. On objectera facilement que, non, toute personne n’a pas le droit de quitter tout pays, y compris le sien. Certes, mais ce sont là les régimes politiques et États qui ne reconnaissent pas ces droits de l’homme  : la Corée du Nord, la Chine, ou feu les pays du capitalisme d’État du camp dit soviétique.

Mais les personnes migrantes qui meurent en Méditerranée ou dans la Manche illustrent un autre aspect mortel des frontières. La zone de guerre qu’est devenue la frontière en­tre la Pologne et la Biélorussie avec les milliers d’hommes, femmes et enfants piégés entre police et armée des deux camps en est un autre témoignage. Les murs qui se dressent aux limites de plus en plus de pays sont également des lieux de mort pour des milliers de personnes.

À l’image des capitalistes avec les lieux de production, les États européens occidentaux délocalisent leurs frontières  : des pays plus pauvres sont sommés de retenir l’immigration non désirée par les pays plus riches  ; tous les moyens sont bons et, ici encore, les frontières tuent. L’Afrique n’en finit pas de payer les lourdes conséquences des frontières coloniales.

Elles tuent elles aussi. De la frontière qui coupe en deux des peuples, à l’exemple du Pays basque, a résulté de nombreuses morts, et cela continue puisque des prisonniers et prisonnières politiques meurent en prison et/ou de la prison. Maritimes, les frontières n’en sont pas moins meurtrières  : c’est pour que la France demeure «  le deuxième territoire maritime du monde  », comme dit Mélenchon, que Guadeloupe, Martinique, Kanaky et d’autres territoires demeurent des colonies, traitées comme telles, y compris sur le plan sanitaire et en termes de répression, avec des conséquences mortelles.

La pandémie de Covid-19 confirme que les frontières tuent  : à l’exemple des gouvernements qui voyaient en leur fermeture le nec plus ultra de la protection. C’est aussi, lié au système des brevets, la distribution scandaleusement inégale des vaccins selon les pays.

Combattre le principe et les conséquences des frontières ne signifie pas sombrer dans l’idéalisme sans prise avec la réalité. Le droit à l’autodétermination des peuples est une revendication juste  ; sa satisfaction ne doit pas se traduire par de nouvelles frontières. Les réflexions et expériences autour du confédéralisme offrent des perspective.

Pour que le refus des frontières ne soit pas qu’un slogan, il faut lutter là où nous sommes et où nous pouvons peser par l’organisation, le soutien et la participation aux mouvements émancipateurs  : grève des sans-papiers, syndicalisation de tous et toutes dans le même syndicat du lieu de travail quel que soit le statut pour obtenir les droits égaux, information sur les luttes dans les colonies, soutien aux migrantes et migrants, solidarité avec les syndicats et autres forces sociales des pays d’émigration…

Christian (UCL Banlieue sud-est)

 
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