Syndicalisme

Papeterie Chapelle-Darblay : Sans l’outil industriel, pas de recyclage




Depuis un an et demi, les ouvrières et ouvriers de la « Pap-Chap » et leur savoir-faire sont en sursis. Alors qu’une offre de reprise permettait la pérennité du site, la direction finlandaise a fait un autre choix : un non-sens écologique en plus d’un désastre social.

La papeterie Chapelle-Darblay à Grand-Couronne, près de Rouen, était considérée comme une « usine de demain », grâce à ses installations modernes, avec un impact environnemental limité, et produisant du papier 100 % recyclé (350 000 tonnes par an). Grâce sa chaudière biomasse, sa station d’épuration et la possibilité d’acheminer le papier recyclé par la Seine, l’entreprise collectait 40 % de la matière à recycler en France et fournissait 25 % du papier journal national.

Bien que bénéficiaire, son propriétaire, le groupe finlandais UPM, ne la jugeait pas assez lucrative pour ses actionnaires et a décidé, en septembre 2019, sa mise en vente, avec une fermeture prévue initialement au printemps 2020. L’activité recyclage papier serait donc délocalisée : un non-sens écologique !

Gaspillage écœurant

Malgré l’action des travailleuses et travailleurs, et vu l’inaction du gouvernement, UPM a annoncé en juin 2020 la fermeture du site et le licenciement des 214 salariées. Les syndicats ont dû signer le « plan de sauvegarde de l’emploi » en obtenant une année de sursis avant la vente du site et des machines. Depuis, ne restaient sur place que trois élus CGT s’occupant de la maintenance et ayant pour objectif de trouver un repreneur avant juin 2021.

Le 28 avril 2021, quelques jours avant la destruction et le ferraillage de deux machines de pointe (350 millions d’euros pièce !) et alors qu’approche la date-butoir, une centaine de personnes ont fait un sitting devant le ministère de l’Économie à l’appel du collectif Plus jamais ça, composé de syndicats et d’ONG écologistes. Des banderoles, des mannequins jetés à la Seine pour figurer les ouvrières et ouvriers licenciés. Au bout de plusieurs heures de sitting, une délégation (dont Philippe Martinez, pour la CGT) a été reçue et a obtenu un recul de la date butoir au 30 septembre 2021.

Dans cet ultime délai, UPM devait choisir l’une des propositions de reprise arrivées sur la table. Celle d’un consortium piloté par Veolia avait l’avantage de relancer l’activité recyclage, cœur de métier de la Pap-Chap. Raté : le 15 octobre, le patron finlandais a annoncé qu’il choisissait le projet de Samfi et Paprec, condamnant les machines à la casse pour transformer l’usine en centre de tri qui, peut-être, produirait de l’hydrogène dans cinq ans.

L’hydrogène : une énergie faussement verte, récemment portée aux nues par Macron [1]. Cette décision incohérente irrite les salariées comme les ­collectivités locales, qui envisagent d’user de leur droit de préemption pour reprendre le site.

Face à la cupidité capitaliste et à un État hypocrite qui ne tient pas ses engagements climatiques, la bonne réponse serait la socialisation de l’usine, pour garantir la sauvegarde des emplois et la reprise d’une activité nécessaire à la transition écologique.

 
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