écologie

Paris 2015 : Construire un contre-sommet climat




La mascarade des négociations internationales convainc de moins en moins, et les mobilisations pour le climat prennent de l’ampleur. D’où l’importance de se préparer à une mobilisation massive à Paris en décembre 2015.

Les mobilisations pour l’écologie, et le climat en particulier, n’ont cessé de grossir ces dernières années. Le contre-sommet lors de la Cop15 à Copenhague en 2009 (où les gouvernements avaient échoué à trouver un accord) avait rassemblé cent mille personnes.

La marche internationale pour le climat de septembre 2014 a rassemblé des centaines de milliers de personnes partout dans le monde. Et à Lima, au Pérou, 400.000 personnes ont défilé, soit la plus grosse manifestation « écolo » en Amérique latine.

En même temps, les revendications se radicalisent à mesure que l’hypocrisie des gouvernements ne peut plus être déguisée et que les luttes sociales et écologiques s’imbriquent de plus en plus. Les slogans et mouvements plus radicaux, tel que le « System change not climate change », semblent prendre le pas sur les courants environnementalistes qui s’accommodent très bien du système.

Une déclaration émanant du Forum social mondial de 2013 identifie ainsi clairement le capitalisme comme responsable de la crise écologique, les états comme les valets du capitalisme, et en appelle (sans grande proposition politique, certes) aux initiatives citoyennes pour reprendre les choses en main.

Des centaines de milliers de manifestants

Une unité nouvelle s’est aussi dégagée parmi les ONG, syndicats et organisations sociales qui participent aux négociations climatiques internationales. Lassées du poids des lobbies et de l’inaction des gouvernements, bon nombre de ces structures quittèrent les négociations lors de la Cop19 en 2013 à Varsovie, et déclarent aujourd’hui, par exemple au travers de la coalition Climat 21, qu’il n’y a rien à attendre des négociations et qu’il faut compter sur la mobilisation citoyenne.

Il y a donc fort à parier que la mobilisation sera massive lors de la Cop21 à Paris en décembre 2015. Il faut s’attendre à des centaines de milliers de personnes, dans un climat de contre-sommet probablement tendu, surtout vu l’attitude du gouvernement français face aux mobilisations sociales et écolos.

La coalition Climat 21, qui regroupe plus de 80 ONG, syndicats et organisations françaises, dispose de moyens logistiques énormes pour préparer le contre-sommet, mais sa diversité l’empêche de définir une ligne politique commune précise. Il est donc probable qu’elle n’appelle qu’à une grosse manifestation, le choix de mener d’autres actions revenant à chaque structure.

Le réseau Alternatiba (qui participe à la coalition) sera aussi mobilisé en 2015. Un tour en vélo sillonnera la France à partir du printemps, l’édition de Paris se tiendra en septembre, et il est question d’organiser un Alternatiba international pendant la Cop. Cette dynamique très mobilisatrice met en avant des alternatives concrètes pour changer notre mode de vie, mais ne représente pas (encore ?) un pôle politique vraiment cohérent.

Quelle place pour les anticapitalistes ?

Il manque donc dans ces mobilisations une dynamique radicale qui n’ait pas peur de la politique, et qui pourrait se coordonner avec les autres dynamiques pour certains événements et organiser ses propres initiatives à d’autres moments, notamment pour occuper l’espace public. Il est évident que de nombreux radicaux, y compris internationaux, seront présents lors de la Cop 21 et organiseront des actions, mais un espace de coordination pourrait être utile pour avoir plus d’impact et resserrer les liens entre les différents courants et pays.

La dynamique Climat social, à laquelle participe Alternative libertaire, souhaiterait être cet espace, mais elle aura besoin d’être grandement renforcée, notamment par les libertaires, pour avoir les moyens d’exister réellement.

Jocelyn (AL Gard)

Photo : un manifestant à Copenhague 2009 © Bureau of IIL.

 
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