Politique

Réforme des retraites : Travailler plus et mourir vite




La réforme des retraites de Macron, sous couvert de sauver le système et d’être plus solidaires entre les générations, est une nouvelle attaque en règle contre les acquis sociaux. Face à la privatisation annoncée de l’assurance chômage, il est nécessaire de construire un arc syndical fort depuis la base pour renverser le rapport de force.

Les concertations avec les organisations syndicales ont débuté, mais Macron a de toute façon annoncé la couleur : il veut reculer l’âge de départ à la retraite à 65 ans, prétendument pour sauver ce système en proie à de futurs déficits et être solidaires des générations futures.

On notera que la solidarité avec « nos enfants » est à géométrie variable selon qu’il s’agisse de l’urgence climatique et environnementale ou de nous faire bosser plus longtemps. Mais c’est en plus factuellement faux, le Conseil d’orientation des retraites estime que « les résultats [...] ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique incontrôlée des dépenses de retraite ». En fait, Macron et son gouvernement, en bon garants des intérêts capitalistes, travaillent à revenir sur deux des principaux conquis du mouvement ouvrier du XXe siècle.

Premier principe  : la baisse du temps de travail. Le mouvement ouvrier n’a eu de cesse de gagner du temps de vie hors du contrôle des patrons. Leur « réforme » des retraites vise tout simplement à reprendre de ce temps. Et la contre-offensive est violente, trois années d’un coup, l’équivalent de plus de trois heures par semaine sur une carrière complète à temps plein.

Deuxième principe  : le principe de solidarité. Le système de retraite fonctionne sur une solidarité intergénérationnelle financée encore en grande partie par la socialisation d’une part de notre salaire, ce que les capitalistes appellent les charges sociales. Leur projet de réforme vise à rendre les conditions d’accès à une retraite à taux plein quasi impossibles pour une grande partie des travailleuses et travailleurs : le taux d’emploi des seniors est déjà faible, nombre de boulots ne permettent pas de travailler aussi âgé et il est ardu d’atteindre les 42 années de cotisation.

Résultat, la faiblesse du montant des retraites pousse à prévoir des solutions individuelles pour pourvoir à ses vieux jours, ce n’est pas un hasard si les grands groupes bancaires et d’assurances multiplient les publicités car « la retraite ça se prépare ».

Manifestation du 23 mars 2022 à Rennes pour les retraites les salaires et contre les licenciements , 15 000 personnes manifestent. Présence de plusieurs cortéges du privé comme Thomson, Huit diffusion, PSA (...)
Copyright : Photothèque Rouge /Photothèque Rouge/tn

Une réforme pour engraisser le privé

Contrairement à ce que le gouvernement prétend, dans les faits, c’est bien le principe de retraite par répartition qui est attaqué : on nous fait bosser plus longtemps et on met en place les conditions pour inciter à épargner individuellement, livrant ainsi aux intérêts privés un juteux marché qui leur échappait.

Face à ce perdant-perdant, notre camp social va devoir opposer une bataille déterminée. À ce qui est une offensive idéologique libérale nous devons réaffirmer et repopulariser le principe d’une grande sécurité sociale gérée par la population où nous mettons en commun une part des richesses que nous produisons, une part de nos salaires pour pourvoir aux aléas de la vie (problèmes de santé, vieillesse, périodes de chômage, etc.) de façon solidaire.

Cette approche peut nous permettre de faire le lien entre les nombreuses luttes pour l’augmentation des salaires et celle contre la réforme des retraites mais aussi avec le détricotage de l’assurance chômage, et de construire un large front social. Nous avons comme atout un arc syndical étendu (CFDT incluse) qui refuse le recul de l’âge de départ à la retraite comme celui de l’allongement du nombre d’années de cotisation. Nous devons nous appuyer sur ces positions pour construire l’unité syndicale à la base.

Seule notre auto-organisation peut nous permettre d’engager un réel rapport de force susceptible de dépasser les désertions de syndicats « réformistes » qui ne manqueront pas et d’étendre la colère sociale pour mettre en déroute les projets gouvernementaux.

Gil (UCL Montpellier)

 
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