Politique

Suisse : Privatisation sexiste des retraites




Une nouvelle réforme des retraites, concernant les femmes, a été votée en Suisse par une petite partie masculine de la population. À cause de ce diktat conduisant vers la privatisation totale des retraites, les femmes devront travailler plus longtemps alors qu’elles sont discriminées, sous-payées et qu’elles subissent des violences sexistes systémiques...

Le 25 septembre 2022, la population suisse votante a entériné une réforme qui augmente l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, s’harmonisant sur celui des hommes, et rehausse la très antisociale TVA de 7,7 % à 8,1 %. Ce vote a été extrêmement serré, puisque la modification de la loi relative à l’assurance vieillesse et survivants (AVS) a été acceptée à 50,55 %. Il s’agit de seulement 16,5 % de la population suisse totale, le vote étant facultatif et excluant les résidantes non naturalisées ou mineures. Pourtant, cela ne changera rien à son application, prévue pour 2024  : la minoration des droits à la retraite de toutes les femmes, qui se verront dans l’obligation de travailler une année supplémentaire.

Largement décrié par les collectifs féministes nationaux, ce vote a été marqué par une forte dissension entre les régions linguistiques du pays et par le genre. Une majorité suisse allemande et masculine a décidé d’imposer ce diktat aux femmes. Cela ne peut être considéré comme de la «  démocratie  ». Résultat  : malgré des niveaux de salaires inférieurs de 19 % (en augmentation), des temps partiels contraints, des violences sexistes systémiques subies et autres discriminations, l’égalité de genre n’arrive que lorsqu’il est permis à nouveau de discriminer, un peu plus, celles et ceux qui le sont déjà au quotidien. La question de l’existence d’une assurance solidaire, payée sur l’ensemble du salaire, une assurance redistributive en somme, n’a jamais été acceptée par la bourgeoisie. L’AVS, cet acquis de haute lutte résultant de multiples combats sociaux, se devait d’être torpillé.

Les assurances et les banques se frottent les mains

L’objectif est clair pour les capitalistes : la privatisation totale de la retraite, par le biais de la prévoyance individuelle que constituent en Suisse le 2e et le 3e pilier, déjà souvent nécessaires à une retraite digne et pourtant peu accessibles aux plus précaires. Les assurances et les banques se frottent les mains du résultat de cette votation, qui entérine pour la première fois depuis plus de vingt ans une réforme injuste et sexiste.

Le projet de la droite et des milieux patronaux est clair  : porter l’âge de départ à la retraite à 67 ans pour toutes et tous, la réduction massive des prestations du 2e pilier et des dispositions favorables au 3e pilier. Des politiques socio-démocrates pérorent depuis ce dimanche en expliquant que ce vote serré empêcherait les excès de la droite et des milieux patronaux. Nous n’y croyons pas une seconde. Les attaques seront désormais d’autant plus fortes que le premier verrou a cédé.
Cette bataille est idéologique et s’il s’avère nécessaire de frapper plusieurs fois pour atteindre leur but, ils reviendront cent fois à la charge.

Groupe UCL Romandie

 
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