XXXIVe congrès du PCF : Et vogue la galère




Le congrès du Parti communiste s’est tenu du 12 au 14 décembre. Marie-George Buffet a été reconduite à la direction avec 67,7 % des suffrages contre 91 % deux ans plus tôt. Et un parti qui serre les rangs malgré une véritable balkanisation.

Pour la première fois, le PCF avait invité Alternative libertaire à assister à son congrès. Qu’en retenir ? Aucun courant interne n’a cherché à nier l’état de crise dans lequel se trouve le PCF et plus largement la gauche. Pour autant, le débat sur les raisons de cette crise a été des plus limités. Il n’y a pas eu de retour critique sur le bilan de la « gauche plurielle » de 1997 à 2002, pas plus que sur les alliances électorales avec le PS. Pas davantage d’interventions sur la situation syndicale. Rien non plus sur l’unité entre forces anticapitalistes, à l’exception notable des communistes unitaires qui ont expliqué que le PCF se devait de dresser des ponts avec les autres forces. Les débats étaient en fait très focalisés sur l’unité... dans le parti.

Un projet toujours aussi flou

Peu de choses également sur le projet de société. Plusieurs interventions ont insisté sur le caractère antilibéral et anticapitaliste, voire révolutionnaire du PCF, mais il était peu question de rupture, certaines et certains délégués ressassant les thèses des derniers congrès sur la nécessité de « dépasser le capitalisme par étapes »

En ce qui concerne les élections européennes, le deal d’une liste commune à la gauche du PS proposé par Mélenchon semble dégager un large consensus... à condition que cela ne signifie pas à terme (pour la direction) une transformation du PCF en parti de gauche recomposé.

La nouvelle majorité n’est pas constituée d’un seul bloc. On y trouve d’anciennes et d’anciens partisans de Robert Hue comme Daniel Cirera par exemple. Elle est du reste plus suivie par discipline que par adhésion inconditionnelle. Il y a aussi une grande variété de stratégies chez les communistes « identitaires » entre ceux qui continuent leur combat dans le parti (Gérin, Marchand) et les divers courants archéo-stal qui poussent à la sortie. Idem chez les communistes unitaires entre ceux qui restent et ceux qui lorgnent vers Mélenchon. Les communistes unitaires sont montrés du doigt comme les plus droitiers du Parti. Mais s’ils et elles ne sont pas clairs sur les relations à entretenir avec le PS, les autres courants ne le sont pas davantage dans leur pratique. En revanche, c’est le seul courant à poser la question de l’unité avec les autres courants antilibéraux et anticapitalistes, ainsi que celle du fonctionnement démocratique.

Pour autant, les motions des différents courants sont toutes relatives, en cela que trois débats transversaux traversent le PCF : l’anticapitalisme contre l’antilibéralisme, le fonctionnement de l’organisation (centralisme démocratique, démocratie directe ou statu quo) et enfin la raison d’être du PCF lui-même (réseau militant, organisation rassembleuse à la gauche du PCF ou « organisation de la classe »). En dépit de la victoire de Marie-George Buffet, il serait surprenant que le débat soit clos sur ces questions.

Ce congrès apparaît comme celui du repli sur l’identité PCF. Du moins, est-ce ce qu’a voulu la direction et cela n’augure rien de bon car le PCF reste à gauche le réseau militant le plus important (70 000 cotisantes et cotisants) et il faudra compter avec lui dans un certain nombre de mobilisations à venir.

À Alternative libertaire nous nous battons pour défendre un projet réellement alternatif au capitalisme, autogestionnaire, écologiste et féministe. Cela signifie que la priorité ce doit être les luttes, le développement de l’auto-organisation et des contre-pouvoirs. C’est sur ces bases que nous entendons poursuivre et développer un travail unitaire aussi bien avec les militantes et les militants du PCF qui l’entendent ainsi, qu’avec toutes celles et ceux qui se réclament de l’anticapitalisme et de la révolution.

Laurent Esquerre (AL Paris Nord-Est),
J.-P. (Aix-en-Provence)

 
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