ANPE/Assedic : Pas de pot, l’emploi




La fusion ANPE/Assedic prépare d’importants reculs, autant pour les salarié-e-s du tout nouveau Pôle emploi que pour les demandeuses et demandeurs d’emploi. Chronique d’un désastre annoncé.

On sait que les fusions sont synonymes, dans le privé, de destruction de postes et d’intensification du travail au profit de l’employeur. La naissance du Pôle emploi opère quant à elle la fusion de deux organismes distincts, l’ANPE relevant du droit public et les Assedic du droit privé. Les travailleuses et travailleurs de ces deux institutions (28 000 pour l’ANPE, 15 000 pour les Assedic) sont donc sommé-e-s de combiner deux missions spécifiques pour le prix d’un seul salaire. D’où aussi le recours à 3 500 précaires reconduits jusqu’à fin 2009. Le Pôle emploi va de plus être mis en concurrence avec les opérateurs privés de placement, payés sur une partie des assurances chômage (environ 100 millions d’euros) issues de nos cotisations.

Si aujourd’hui une ou un conseiller ANPE a en charge entre 120 et 150 allocataires, qu’en sera-t-il avec la fusion ?

Depuis le 1er janvier 2009, chaque demandeuse et demandeur d’emploi n’a droit qu’à un seul rendez-vous lors de l’inscription (contre deux aujourd’hui), et doit être suivi par un unique conseiller référent pour la recherche d’emploi comme pour l’indemnisation. Or, réunir ces deux missions induit une politique de la carotte et du bâton vis-à-vis des personnes privées d’emploi. C’est la contrainte d’accepter n’importe quelle offre afin de bénéficier de son assurance chômage, le versement des cotisations étant suspendu si les chômeuses et chômeurs hésitent trop. L’assurance chômage n’est plus ici un droit pour lequel on a cotisé, mais la contrepartie contractuelle d’une recherche d’emploi. Dans le jargon technocratique, cela s’appelle l’ORE (offre raisonnable d’emploi) qui est déjà effective depuis octobre 2008 avec sa batterie de sanctions : si l’on refuse plus de deux offres dites « raisonnables », ce sont les couperets de la radiation de quinze jours à six mois et de la baisse des indemnités de 20 à 50 % qui tombent.

Avec les conséquences de la crise actuelle du capitalisme (déjà plus de 100 000 privé-e-s d’emploi supplémentaires ces trois derniers mois), c’est à la contraction de l’offre d’emploi que devront répondre les bricolages du Pôle emploi. Et si l’objectif du gouvernement Fillon est de faire baisser le chômage à 5 %, on risque plutôt d’assister à l’explosion du nombre des personnes privées d’emploi mais non inscrites ou radiées !

Déjà une accumulation de problèmes !

Une nouvelle plateforme téléphonique, regroupant ANPE/Unedic au 3949, doit voir le jour début janvier. Mais seuls quelques agents ANPE ont eu droit à une formation d’une journée pour être en mesure de renseigner les demandeuses et demandeurs d’emploi. Comme il est prévu de ne recevoir au Pôle emploi que sur rendez-vous, toute autre démarche devra être effectuée par téléphone ou via Internet, alors qu’aujourd’hui c’est déjà la galère pour disposer d’un conseiller au bout du fil ou se connecter sur assedic.fr. Les Assedic sont totalement dépassées par le flot de privé-e-s d’emploi qui se sont inscrits en fin d’année. Du coup l’accès à l’opérateur téléphonique a été délibérément bloqué. Actuellement, 100 000 dossiers d’inscription et d’indemnisation sont en souffrance depuis plus d’un mois, avec pour résultat le non-versement des prestations !

La lutte a commencé

L’année dernière, trois journées de grève ont été menées à l’ANPE contre la fusion (avec 40 % de grévistes le 27 novembre 2007). Les salarié-e-s de l’ANPE se sont à nouveau massivement mobilisé-e-s le 1er décembre dernier, avec plus de 60 % de grévistes à l’appel des huit syndicats de l’agence (SNU-ANPE, CFDT, CFE-CGC, CGT, CFTC, FO, Sud et Unsa). La contestation monte contre une fusion sans concertation, des conditions de travail qui se dégradent et l’augmentation de la charge de travail, sans compter les négociations pour les conventions collectives qui n’ont toujours pas été tenues. Reste à mener des actions avec les agents des Assedic, dont les syndicats ont souhaité une journée de grève le 8 janvier. Un appel à la grève doit aussi être lancé dans certaines régions (Midi-Pyrénées et Île-de-France) le 5 janvier, jour prévu pour l’officialisation de Pôle emploi.

Petra Van Kant (contractuelle ANPE)
et Franz Biberkopf (AL 93)

 
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