Durcissement patronal : Les Céméa, c’est plus ça




Sur fond de fonte des budgets de l’Éducation nationale, la direction de ce mouvement d’éducation populaire introduit une nouvelle culture managériale. Résultat : grève au centre de formation d’éducateurs d’Aubervilliers (CFPES-Céméa)

Le 7 octobre, toutes les associations travaillant pour l’Éducation nationale, dont les fameux Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Céméa) recevaient le même courrier du ministère : en raison d’un « gel budgétaire », leurs subventions seront amputées de 25 % pour 2008, et les enseignantes et les enseignants détachés leur seront retirés d’ici à l’été 2009. Or, dans les associations, tous les programmes ont déjà été lancés. L’annonce déclenche un tollé.

Mais ce ne sont pas seulement 25 % des budgets qui sont retirés : il y a aussi de profonds changements idéologiques dans l’éducation populaire, notamment dans le mouvement des Céméa.

Ce qui se passe au centre de formation d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en est un exemple. Ce sont les salarié-e-s (formateurs comme administratifs) les plus porteurs des valeurs d’éducation populaire qui subissent le plus de pression à l’heure actuelle. Harcèlement moral, avertissements non justifiés et pressions sont d’actualité depuis que la direction a changé, il y a six mois. C’est ainsi qu’une des formatrices a été licenciée pour des motifs obscurs sous couverts de « faute grave » et à partir de faux témoignages.

La nouvelle direction ne porte plus l’idée d’éducation à des valeurs, et les changements de fonctionnement au sein de l’école se font ressentir au quotidien. La réforme du diplôme d’éducateur et la crise financière, eux, ont bon dos pour justifier cette casse.

À Aubervilliers, les étudiantes et les étudiants se sont mis en grève toute une semaine avec des assemblées générales quotidiennes pour dénoncer les nouvelles pratiques managériales, la perte des valeurs de base et le climat maltraitant qui règne désormais. Une délégation de grévistes a ainsi rencontré la présidence des Céméa d’Île-de-France qui nous a clairement rétorqué : « Ce ne sont plus les valeurs qui importent mais les principes » ! Une nouvelle direction, de nouvelles orientations donc.

Résultat : en 6 mois un non renouvellement de CDD et un licenciement, et d’autres sont à venir. Les étudiantes et les étudiants, quant à eux, ne sont plus dans une formation sereine et l’obtention du diplôme est loin d’être acquise...

Marie-Au (AL Paris Nord-Est)

 
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