Culture : Rideau sur le théâtre à l’école




Aller au théâtre et le pratiquer ne doit pas être réservé à une élite. La Seine-Saint-Denis doit garder ses théâtres !

Actuellement le financement de l’atelier théâtre, option facultative au lycée, est menacé pour la rentrée 2009. Au printemps dernier, les têtes pensantes des ministères de la Culture et de l’Éducation ont réuni tous les enseignants et les enseignantes de théâtre de la région parisienne pour leur conseiller de chercher des fonds. Privés ? Municipaux ? Débrouillez-vous !

Pourtant le théâtre à l’école est une ouverture culturelle riche de sens et qui interpelle la jeunesse, réveille sa ferveur, lui fait découvrir la beauté, et permet de libérer les forces expressives, d’arracher les élèves à l’échec scolaire. Parce que le théâtre est jeu, il séduit, et rend la parole. Cette capacité d’expression est une alternative à la violence, la prise de parole étant une étape vers une meilleure socialisation. La pratique de l’atelier théâtre permet de passer du moi au nous. L’expression plurielle dépasse le chacun pour soi. Et jouer avec un groupe nous aide à être reconnu.

L’État réduit les subventions. Les troupes touchent même parfois moins que promis de sorte qu’elles s’endettent. À Bobigny, l’existence autonome de la Maison de la Culture 93 (MC 93) a même été menacée. On voulait en faire une annexe de la Comédie française (qui a déjà trois salles !).

Vers une culture étatique et élitiste

Et là, selon la volonté de l’État, il y avait de l’argent, car il ne s’agissait plus de pratiques socio-culturelles, mais de Culture, comportant des échanges internationaux. Car la culture, la vraie celle de l’élite, continue malgré tout à recevoir des moyens. Sauf que toutes et tous les artistes sortent du grand vivier général, de cette masse de dégoiseurs de mots qui ont un jour pris la parole… L’ancien régime ou des sociétés anciennes donnaient plus pour la culture que cette triste société de profits forcenés.

La forte mobilisation de soutien à la MC93 semble avoir fait reculer ceux qui préparaient cette « refonte ». Mais on ne sait pas si la solidarité des comédiens français avec l’équipe de la MC93 est en elle-même suffisante. On a ajourné le projet, l’a-t-on abandonné ? Vigilance de mise. Quant aux suppressions de postes à l’éducation nationale, la casse se poursuit. Ça n’empêche pas de multiplier les aides à l’enseignement privé.

Ainsi, on ne voit plus vers quel havre les adolescents et jeunes adultes pourront se tourner. Ni les structures sociales de quartiers, ni l’éducation nationale, ni les organismes de culture ne sont à l’abri face à la braderie généralisée des espaces publics d’expression artistique.

Hé bien il faut se la réapproprier cette parole ! Jouer s’il le faut dans la rue, avant d’inventer de nouveaux espaces pour la prise de pouvoir des mots ! Les murs ont leurs tags. Les saltimbanques retrouveront le chemin des places publiques et des ateliers désaffectés. Victor Hugo disait que si l’on ouvre une école, on ferme une prison. Rendons à l’enseignement ses lettres de noblesse. Multiplions les squats culturels. La parole n’a pas été donnée à l’homme, il l’a prise. Ne nous laissons pas museler.

France (AL Paris Nord-Est)

 
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